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La découverte d'une alternative biologique au glyphosate par Agro-Bio Tech et l'état de la recherche wallonne pour des alternatives aux pesticides

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 421 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 31/08/2020
    • de LEPINE Jean-Pierre
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Trois produits performants et biologiques, à base d'huiles essentielles, ont été développés par des chercheurs de Gembloux Agro-Bio Tech de l'Université de Liège pour remplacer le glyphosate.

    Les résultats des recherches seraient, en effet, concluants et les produits en voie d'homologation.

    Les chercheurs vantent, en plus de l'efficacité du produit, un prix concurrentiel par rapport aux alternatives chimiques et une toxicité nulle.

    D'un point de vue environnemental, sanitaire, agricole et économique,voilà une découverte d'importance !

    Monsieur le Ministre a-t-il pu prendre connaissance de résultats des recherches ?

    Qu'en est-il du processus l'homologation ? Un timing a-t-il été établi par Agro-Bio Tech ?

    Quand la spin-off sera-t-elle créée ? En sait-il davantage ?

    A-t-il pu prendre contact avec la Fédération wallonne de l'agriculture, qui s'est montrée, sinon frileuse, à tout le moins prudente à l'égard des résultats desdites recherches ?

    Quelle est son appréciation des résultats des recherches menées par Agro-Bio Tech ?

    De manière plus générale, que ce soit pour les particuliers, pour les pouvoirs locaux ou les agriculteurs, pourrait-il nous indiquer si d'autres projets de recherches wallons ambitionnent de développer des alternatives aux pesticides ?
  • Réponse du 25/09/2020
    • de BORSUS Willy
    Par l’intermédiaire de mon administration, j’ai en effet été informé des résultats de ce projet qui vise à développer des bio-herbicides à base d’huiles essentielles qui pourront potentiellement représenter des alternatives au glyphosate. Ce projet de recherche a en effet été soutenu par la Région wallonne au travers d’un programme First Spin Off pour un montant de 412 310 euros. La société dénommée APEO – Agronomical Plant Extracts and Essential Oils – sera créée à la fin de l’année 2020. Afin de maximiser les chances de succès, les porteurs du projet APEO sont accompagnés par l’incubateur technologique WSL depuis 2019.

    Le soutien de la Région wallonne sera poursuivi, au travers d’une subvention d’un projet de Recherche industrielle pour un montant de 0,7 million euros, complété par une avance récupérable pour le Développement expérimental à concurrence de 1,7 million euros, accordés sur la base du décret relatif au soutien de la recherche, du développement et de l’innovation en Wallonie. Ce budget pourra être libéré suite à la création et à la capitalisation de la société.

    La préparation des dossiers d’homologation d’un portefeuille de trois produits bioherbicides a débuté au cours de l’année 2020 et se poursuivra jusqu’en 2024, en fonction des résultats des essais en cours et de la stratégie régulatoire définie pour chacun des trois produits. La soumission des premiers dossiers d’homologation est prévue en 2023 et s’étalera sur deux années selon les produits et les marchés sélectionnés. Les premières ventes sont attendues à l’horizon 2025, avec un potentiel de croissance exponentiel au cours des cinq premières années de commercialisation de ces bioherbicides innovants.

    Des contacts existent entre les porteurs du projet APEO et les représentants de la Fédération wallonne de l’Agriculture, notamment au travers de conférences et des échanges réguliers entre la Faculté Gembloux Agro-Bio Tech et les acteurs du monde agricole. Les porteurs du projet APEO sont conscients des problématiques rencontrées par les agriculteurs, tels que l’évolution législative, l’impact sur le rendement et le traitement des cultures, la rentabilité financière des exploitations agricoles, l’absence de toxicité pour les cultures et les personnes sans oublier la préservation de l’environnement. L’ensemble de ces préoccupations sont intégrées dans le développement des produits et du modèle économique de la société APEO.

    Le soutien appuyé de la Région wallonne, décrit ci-avant, démontre l’avancée significative obtenue par les porteurs du projet APEO dans la conduite de leurs recherches, protégée par des brevets et constituant une innovation de portée internationale. Les porteurs du projet APEO n’en sont pas à leur premier essai puisque le laboratoire de Phytopathologie de la Faculté Gembloux Agro-Bio Tech, à l’origine des bioherbicides, a déposé 7 brevets dans le domaine des pesticides biologiques.
    Ce laboratoire, dirigé par le Professeur Jijakli, avait déjà créé avec succès un spin-off pour la commercialisation d’une levure contre les maladies fongiques des fruits. Le produit NEXY basé sur cette levure est maintenant distribué sur les marchés américain et européen (y compris en Belgique). Nous cultivons tous l’espoir que la recherche menée en Région wallonne continuera donc à contribuer au remplacement de pesticides chimiques par des pesticides biologiques, y compris ces nouveaux bioherbicides, plus respectueux des agriculteurs et de l’environnement en général.

    Outre les recherches décrites ci-dessus, de nombreux programmes de recherche ont été soutenus ou sont actuellement menés au sein de nos universités wallonnes, mais également au sein de nos entreprises, dans le but de développer une agriculture durable et soutenable économiquement, capables d’assurer les besoins vitaux de nos populations dans une perspective de protection de l’environnement. À titre d’exemple, la Région wallonne soutient depuis plus de vingt ans des projets de recherche dans les domaines des auxiliaires de cultures pour la lutte biologique, des biopesticides (insecticides, fongicides, biocides, herbicides), des biostimulants, des éliciteurs stimulant les défenses des plantes, de l’emploi d’agents de biocontrôle contre les maladies des plantes, de la recherche de fertilisants plus efficients et plus durables, du développement d’outils d’aide à la décision pour une meilleure gestion des intrants et des traitements… Ensemble, ces différentes approches contribuent à relever le défi d’une agriculture efficiente et durable, permettant de répondre aux besoins des populations tout en préservant les écosystèmes et permettant l’émergence ou le développement d’entreprises sur le territoire wallon.