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Le procédé "power-to-gas" et la Déclaration de politique régionale

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 20 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 11/09/2020
    • de GARDIER Charles
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    La Déclaration de politique régionale affiche l'objectif du Gouvernement de soutenir « l'innovation et la recherche et développement en énergie et dans la lutte contre le réchauffement climatique, notamment dans les nouveaux vecteurs énergétiques décarbonés, en lien avec les autres Régions, l'Autorité fédérale et avec le niveau européen ». La Wallonie étudiera notamment à cet effet le procédé power-to-gas, lequel est l'objet de la présente question.

    Dans le contexte énergétique marqué par la sortie du nucléaire à l'horizon 2025, les centrales au gaz et l'approvisionnement de celles-ci constituent des enjeux cruciaux. À cet égard, les réactions dites de Fischer-Tropsch et de Sabatier, soit le nom des réactions chimiques constituant le procédé « power-to-gas » représentent des alternatives durables à l'approvisionnement en gaz issu de ressources fossiles.

    Outre une totale indépendance vis-à-vis des cours du pétrole, les ressources nécessaires pour la fabrication de gaz via lesdits procédés sont disponibles à l'infini ; en effet, ils consistent en la réaction de monoxyde ou de dioxyde de carbone et d'hydrogène pour constituer du méthane de synthèse, lequel ainsi créé devient la matière première de création d'électricité. Les déchets en CO2 de la réaction de Fischer-Tropsch peuvent en outre servir de base à la réaction de Sabatier.

    Depuis le début de la législature, l'administration et/ou le cabinet de Monsieur le Ministre ont-ils d'ores et déjà eu l'occasion de mettre en œuvre l'objectif affiché par le Gouvernement dans la DPR de soutenir la recherche et l'innovation liée à la mobilisation du processus « power-to-gas » ?

    Des réflexions sont-elles en cours à cet égard avec l'Union européenne, l'Autorité fédérale et les autres Régions ?
    Si oui, qu'en ressort-il ?

    La mise en place de centrales alimentées par les procédés de Fischer-Tropsch et de Sabatier ?

    Quels investissements devraient-ils être réalisés en vue de cet objectif ?
  • Réponse du 05/10/2020
    • de HENRY Philippe
    Cette question est particulièrement précise et j’essayerai d’apporter une réponse tout aussi précise.

    La question du « power-to-gas » secoue actuellement le monde énergétique et certains y voient une solution idéale pour le stockage inter saisonnier des énergies renouvelables intermittentes comme le solaire ou l’éolien.

    Dans la discussion, il faudra bien distinguer la filière qui consiste à simplement injecter de l’hydrogène issu de l’électrolyse d’eau directement dans le réseau de gaz naturel du procédé qu'évoque l'honorable membre dans sa question qui requiert une étape intermédiaire de méthanation. Je vais me permettre d’aborder les deux techniques.

    L’injection directe d’hydrogène est une solution possible, mais qui se heurte à des obstacles techniques importants liés à la qualité des conduites et à la qualité du gaz naturel transporté. Cette question reste un élément important à appréhender dans une réflexion à plus long terme lorsqu’il sera question de réseaux de transport d’hydrogène.

    Les technologies de méthanation sont également bien connues et ont un double effet intéressant à ce stade de la réflexion, puisqu’elles permettraient de s’affranchir des contraintes techniques que je viens d’évoquer en permettant une utilisation de CO² qui serait capturé par ailleurs.

    Cependant, qu’il s’agisse de l’électrolyse avec production d’hydrogène seul ou de processus de méthanation de cet hydrogène, ces technologies restent particulièrement onéreuses pour les rendre, à ce stade, concurrentielles par rapport aux technologies classiques.

    Néanmoins, le Gouvernement wallon a décidé d’engager la Région dans ces technologies qui, une fois à maturité, permettront d’atteindre une électrification accrue des secteurs difficilement électrifiables directement.

    À titre d’exemple, je renvoie à la décision que le Gouvernement a prise le 16 juillet dernier de soutenir ce type de projets innovants sur notre territoire en proposant que des pistes de soutien soient dégagées à l’instar de ce qui se fait, par ailleurs, pour le biométhane.
    Au-delà, mes services ont entamé un travail de feuille de route sur l’hydrogène et les e-gaz qui devra permettre à la Wallonie de se doter d’un plan cohérent sur ces technologies.

    En ce qui concerne les relations avec les autres entités belges, les débats sont menés au niveau du groupe CONCERE sur l’hydrogène. Même s’il est nécessaire d’avancer dans ces thématiques, j’aimerais rappeler que nous sommes face à deux obstacles règlementaires majeurs :
    - d’une part, nous souffrons au niveau belge de l’absence de référence à l’hydrogène ou aux e-gas dans la loi de réformes institutionnelles. Cette absence nous imposera donc de clairement définir les périmètres d’intervention tant sur l’hydrogène que sur la valorisation du CO² comme ressource énergétique ;
    - d’autre part, nous sommes dans l’attente des textes règlementaires promis par l’Europe, qu’il s’agit du paquet gaz, attendu depuis l’année dernière ou du paquet hydrogène, annoncé par la Commission au début de l’été. Ces textes auront évidemment un impact considérable sur les approches futures que nous devrons suivre et implémenter.