/

La mise à disposition de données économiques pour le monde de la recherche

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 21 (2020-2021) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 16/09/2020
    • de HARDY Maxime
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Le Centre de recherche et d'information sociopolitiques (CRISP) a consacré l'un de ses derniers « Courrier hebdomadaire » au redéploiement économique de la Wallonie au regard de la diversité de ses territoires. Les chercheurs du CRISP y livrent de nombreux enseignements utiles.

    Toutefois, dans leur conclusion, les chercheurs alertent sur les questionnements en suspens et sur « les besoins criants en données et en recherches ».

    Plus précisément, ils mettent en avant d'une part que la politique emblématique des pôles de compétitivité, en raison de grandes difficultés méthodologiques et en dépit des efforts de l'IWEPS, demeure difficile à évaluer.

    D'autre part, il leur semble également très important de questionner l'impact de la politique des zones franches, ainsi que l'impact des politiques d'investissements dans les infrastructures de transport et dans le foncier à vocation économique.
    Les chercheurs demandent notamment que soit amélioré l'outillage statistique, notamment sur les emplois de la base productive et la question des investissements directs étrangers.

    Monsieur le Ministre partage-t-il ces constats ?

    Que peut-il mettre en oeuvre pour améliorer la collecte et la mise à disposition de données économiques pour le monde de la recherche ?

    Enfin, le Courrier hebdomadaire pointe le relatif désintérêt des recherches universitaires sur la question du redéploiement économique de la Wallonie. Au regard des enjeux auxquels la Wallonie fait face, ce constat est interpellant. Il nous prive en effet de précieuses analyses scientifiques sur l'efficacité des politiques qui sont déployées pour redresser notre territoire.

    Des actions ne devraient-elles pas être menées pour inciter le monde académique à se pencher sur ces questions ?
  • Réponse du 08/10/2020
    • de BORSUS Willy
    Je voudrais tout d’abord rappeler à l’honorable membre que, par sa mission scientifique transversale, l’IWEPS met à la disposition des informations sur la Wallonie, qui vont de la présentation de statistiques et d’indicateurs à la réalisation d’études et d’analyses approfondies dans les champs couverts par les sciences économiques, sociales, politiques et de l’environnement. L’IWEPS contribue par ses travaux à l’amélioration des connaissances utiles à la prise de décision en Wallonie.

    Le récent courrier hebdomadaire du CRISP a rappelé, si besoin était, l’importance de la problématique du redéploiement économique de la Wallonie. Cette préoccupation est également au cœur des travaux de l’IWEPS.

    C’est dans cette perspective que s’inscrit en particulier la publication, depuis 2016, du Rapport sur l’économie wallonne (REW). Ce rapport entend dresser un état des lieux de l’économie wallonne et de son évolution, basé sur une utilisation rigoureuse des outils statistiques disponibles.

    Pour objectiver les débats sur l’économie wallonne, mais aussi pour orienter les nouvelles décisions économiques tant du secteur public que du secteur privé, il est indispensable de disposer d’une information statistique large. Or comme le rappelle le CRISP, l’analyse économique régionale se heurte souvent à un appareillage statistique incomplet par rapport aux ensembles de données disponibles à l’échelle nationale. C’est la raison pour laquelle, l’IWEPS travaille depuis longtemps à développer la statistique régionale dans ses domaines d’expertise, en particulier les statistiques économiques régionales. Ces travaux s’inscrivent dans le cadre de l’Institut des Comptes nationaux (ICN) et les développements ainsi obtenus ont été intégrés à la publication habituelle des comptes régionaux de l’ICN.

    En ce qui concerne les pôles de compétitivité, la dernière évaluation de l’IWEPS conclut que la politique des pôles de compétitivité répond à son objectif de ciblage des entreprises « motrices » de l’économie wallonne et concentrant une part importante de la RDI du secteur privé wallon ; tout en observant une diversification progressive à un nouveau vivier de PME. Les résultats suggèrent que les entreprises pôles voient leur volume d’emploi, leur valeur ajoutée et le montant de leurs exportations augmenter plus vite. Les entreprises pôles verraient aussi leur profil d’exportation se modifier, avec une augmentation du nombre de produits différents exportés et du nombre de marchés de destination. Par contre, aucun effet significatif de la politique sur le niveau de productivité des entreprises n’est détecté. En ce qui concerne les performances de RDI, sur les quatre mesures de performances étudiées, seul un effet positif et significatif est détecté pour le personnel de R&D.

    Il existe, comme dans toute étude, des limites à l’analyse réalisée : difficultés liées à la mobilisation de données d’enquêtes et à la définition d’un groupe de contrôle, définition restrictive des performances de RDI, non prise en compte des externalités positives de la recherche, et cetera.

    Afin d’avoir la vue la plus représentative possible, dans la cadre de la mise à jour de la nouvelle stratégie de spécialisation intelligente en Recherche et Innovation, une attention particulière sera mise sur la gouvernance du processus sur base de la mise en place d’indicateurs pertinents qui pourront être utilisés également pour renforcer notre analyse de l’impact de ces politiques sur le redéploiement économique. Toutes ces données sont et seront bien évidemment mises à disposition des universités qui pourront les utiliser pour développer leurs propres analyses indépendantes de ces données et nous les invitons bien évidemment à le faire.

    Finalement, en ce qui concerne l’évaluation de l'impact de la politique des zones franches, ainsi que l'impact des politiques d'investissements dans les infrastructures de transport et dans le foncier à vocation économique, je rejoins l’honorable membre en ce que nous ne disposons pas à ce stade d’études complètes en la matière, et qu’il sera nécessaire de combler cette lacune.