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L'accroissement des inégalités numériques

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 22 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 16/09/2020
    • de HARDY Maxime
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Dernièrement, la Fondation Roi Baudouin a diffusé son « Baromètre de l'inclusion numérique ». Ces données éclairent la manière dont les Belges, en particulier les moins visibles, ont pu vivre la crise sanitaire et le confinement.

    Trois niveaux de vulnérabilité sont identifiés dans l'étude :
    - les inégalités d'accès aux technologies numériques ;
    - les inégalités relatives aux compétences numériques ;
    - les inégalités liées à l'utilisation des services essentiels.

    Or, avec la crise, le processus de digitalisation de notre société et de dématérialisation des services s'est accru. Si cela peut s'avérer positif pour une partie de la population compétente et équipée numériquement, cela pose de nombreuses difficultés pour les catégories de personnes qui ne le sont peu ou pas.

    Monsieur le Ministre envisage-t-il des actions pour réduire la fracture numérique, tant d'un point de vue territorial que social ?

    En dehors de la formation des demandeurs d'emploi, comment le Gouvernement entend accompagner la montée en compétence numérique de toute la population wallonne ?

    Dans le contexte de crise sanitaire que nous vivons, l'accès aux services essentiels (banque, emploi, santé, administration, et cetera) doit être une priorité du Gouvernement.

    Envisage-t-il des mesures pour soutenir les Wallonnes et les Wallons qui auraient des difficultés à effectuer des démarches administratives en ligne, à avoir accès à l'éducation, au travail, ou encore à maintenir des contacts sociaux ?
  • Réponse du 09/10/2020
    • de BORSUS Willy
    Si nous vivons actuellement dans l'ère du numérique, les citoyens ne sont pas hélas tous égaux face aux nouvelles technologies. Il s’agit principalement de personnes âgées, de personnes vivant en milieu précaire ou de personnes résidant dans une zone trop faiblement desservie en termes de connectivité. C’est ainsi que, d'après le baromètre de maturité numérique des citoyens publié en 2019 par l'Agence du Numérique, ce que l’on appelle la fracture numérique concerne encore 11 % des citoyens wallons. Et comme l’honorable membre le souligne justement, le confinement a effectivement participé à renforcer l'isolement de ces personnes.

    Il est donc tout à fait capital, d’aider les citoyens wallons à disposer d’un accès plus large aux technologies et à améliorer leurs compétences en matière de digital.

    C’est en ce sens que le réseau des Espaces publics de Wallonie (EPN) institué en 2005 est un instrument essentiel de lutte contre la fracture numérique en ce qu’il permet d’accompagner les citoyens qui le souhaitent dans leurs démarches d’utilisation du numérique au plus près de leurs besoins , renforçant de la sorte non seulement leurs compétences numériques, mais aussi les liens sociaux indispensables entre les personnes. Telles sont les raisons pour lesquelles j’ai veillé jusqu’ici à maintenir ce réseau essentiel et en assurer l’animation. L’honorable membre le sait, le Programme mobilisateur pour les TIC (PMTIC), destiné à répondre aux besoins spécifiques des demandeurs d’emploi éloignés du numérique reste également actif. Ce programme est géré par mon homologue en charge de l’Emploi et de la Formation.

    Toutefois, ces dispositifs nés il y a une quinzaine d’années méritent sans doute aujourd’hui une actualisation, non seulement en regard de la transformation numérique de notre société, mais aussi du contexte actuel. C’est pourquoi j’ai demandé au Service public de Wallonie et à l’Agence du Numérique d’analyser ces enjeux de manière à aboutir ensemble à la rédaction d’un plan stratégique d’inclusion numérique qui devra spécifiquement inclure les seniors et les femmes en situation de précarité, qui constituent la majorité des personnes en fracture numérique. Ce plan devra également intégrer une plus grande mutualisation des lieux et des outils déployés au bénéfice de l’inclusion numérique de tous. Un effort auquel s’est d’ores et déjà jointe la Fondation Roi Baudouin.

    Évidemment, le plan proposé devra également repenser de façon cohérente et concertée les actions déjà mises en œuvre, essentiellement dans le cadre du réseau des EPN pour ce qui concerne mes compétences, en les enrichissant d’actions nouvelles.

    Un autre enjeu sera celui de l’information et de la sensibilisation des publics bénéficiaires puisque avant d’être en mesure d’apporter une aide concrète aux personnes victimes de la fracture numérique, il est essentiel de parvenir à leur faire connaître les dispositifs disponibles et de les orienter adéquatement.
    Les services proposés devront sans doute être élargis et renforcés pour prendre en compte tous les besoins de formation et d’accompagnement spécifique à chaque public cible en adressant les différentes « strates » de la fracture numérique, y compris les questions d’équipement et de connexion.

    J’attends la remise de ce plan stratégique dans les jours à venir. Il ne fait aucun doute que les recommandations élaborées dans ce cadre seront analysées avec la plus grande attention tant il s’agit d’un enjeu socio-économique fondamental.