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La situation au Burundi

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 4 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 22/09/2020
    • de GROVONIUS Gwenaëlle
    • à DI RUPO Elio, Ministre-Président du Gouvernement wallon
    Suite aux élections présidentielles, législatives et communales au Burundi du 20 mai 2020, de nombreuses présomptions de fraudes ont amené la saisine de la Cour constitutionnelle. Celle-ci a néanmoins validé les résultats et déclaré le Général Evariste Ndayishimiye vainqueur des élections présidentielles avec 68 % des voix contre 24 % pour son principal rival, Agathon Rwasa.

    Près de 4 mois se sont écoulés depuis et je souhaiterais faire le point avec Monsieur le Ministre-Président sur la situation sur place.

    Quelles sont les informations dont il dispose concernant la situation au Burundi ?

    Comment a évolué la position de la communauté internationale vis-à-vis de la nouvelle situation politique sur le terrain ?

    Une normalisation de nos relations avec le Burundi commence-t-elle à être envisagée ?
  • Réponse du 26/11/2020
    • de DI RUPO Elio
    Plus de quatre mois après les élections présidentielles au Burundi, une normalisation des relations entre le Burundi n’est pas à l’ordre jour, que ce soit au niveau belge et européen.
    La reprise du dialogue politique (qui passerait par la levée des mesures liées à l’article 96 de Cotonou) suppose au préalable des gestes concrets des autorités burundaises vers un rétablissement de l’État de droit.

    Quelques mesures allant dans le sens de l’apaisement ont été observées, mais elles ne constituent pas de véritables avancées (jugements rendus contre des policiers et des Imbonerakure).

    Dans le cadre de la 45e session du Conseil des Droits de l’homme de l’ONU (14 septembre - 7 octobre 2020), la Commission d’enquête sur le Burundi a présenté son rapport final.

    Selon ce rapport, le processus électoral de 2020 n’a fort heureusement pas été marqué par des violences de masse. Cependant, des violations graves des Droits de l’homme se sont malheureusement multipliées tout au long du processus. 

    La Commission a noté que :
    - le premier élément de cette stratégie a été d’affaiblir l’opposition politique, particulièrement le CNL rapidement apparu comme le principal rival du parti au pouvoir ;
    - le deuxième élément de cette stratégie a été de museler les observateurs indépendants tels que la presse et la société civile ;
    - le troisième volet de cette stratégie a été de contrôler étroitement la population avant, pendant et après les scrutins.

    La Commission a établi une série de recommandations au gouvernement burundais. Ce dernier a déclaré que la situation dans le pays n'était pas suffisamment alarmante pour justifier l'existence de la Commission, notamment parce que la situation s'est beaucoup améliorée depuis 2015.

    Un projet de résolution a par ailleurs été adopté, sous l’initiative de l’Allemagne et au nom de l’Union européenne. Selon l’Union européenne, les élections et l’arrivée au pouvoir du nouveau Président offrent une occasion réelle au Burundi pour s’engager durablement sur la voie de la réforme. L’Union européenne est prête à appuyer l’ouverture du Burundi vers la communauté internationale et à saisir cette occasion afin de renouer les fils du dialogue politique.

    Dans l’attente de progrès tangibles, l’Union européenne estime qu’une attention soutenue du Conseil et de la communauté internationale à la situation des Droits de l’homme au Burundi reste nécessaire.

    La Belgique quant à elle a déploré l’absence de collaboration de la part des autorités burundaises. Notre pays s’est dit également fortement préoccupé par les mesures prises ou en préparation contre les ONG internationales présentes au Burundi. La Belgique a appelé le nouveau Président à mettre en œuvre les recommandations de la Commission d’enquête, en commençant par la réouverture du bureau « pays » du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH).

    En ce qui concerne la coopération avec la Wallonie, la réflexion stratégique que nous allons mener sur la reprise de notre coopération bilatérale avec le Burundi devra prendre en compte la volonté ou non du gouvernement burundais de faire avancer les questions relatives aux droits de l’homme.

    Nous continuons à suivre la situation et sommes disposés à en faire l’évaluation dans quelques mois.