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La réaffectation du site de Caterpillar

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 27 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 22/09/2020
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Notre région est en pleine mutation, elle est à un tournant de son histoire et elle en connaîtra d'autres. Ceux-ci nous imposeront de nous réinventer sans cesse.

    La Wallonie ne manque d'ailleurs pas de sites abandonnés, désaffectés, ayant connu un passé industriel ou non, pollués ou non.

    L'un d'entre eux le site de Caterpillar est l'un des plus connus. Aujourd'hui, il se murmure que le groupe Merlin Entertainments est intéressé par le site pour un parc Legoland. On ne compte que 8 parcs de ce type à travers le monde !

    Ce projet, s'il aboutit, serait une aubaine en termes de retombées économiques et d'emplois pour la Région. Des hôtels, des restaurants seraient également à l'étude autour du parc.

    Monsieur le Ministre peut-il m'indiquer ce qu'il en est de ce projet ?

    Si le projet devait voir le jour, entraînera-t-il de nombreux impacts liés aussi à de nombreux investissements, comme par exemple l'adaptation de l'accueil suite à une hausse de la fréquentation aéroportuaire ?

    Concernant l'aménagement de lignes reliant la Gare de Charleroi et de Namur par la création de lignes spécifiques (TEC ou train), a-t-on étudié ces investissements éventuels ?

    Par ailleurs, tout parc à thèmes de cette envergure, s'accompagne d'une offre HORECA spécifique, s'il veut être concurrentiel, au-delà des retails catering une offre hôtelière doit aussi être envisagée. Qu'en est-il de ce volet ?

    Qu'en est-il aussi des perspectives économiques et des retombées en termes d'emploi ?

    Monsieur le Ministre a-t-il eu des contacts avec son homologue ayant l'Emploi dans ses compétences pour éventuellement faire face à cette évolution du dossier ?

    Enfin, qu'en est-il de la poursuite du Plan CatCh et sera-t-il prolongé au regard de ce projet nouveau ?
  • Réponse du 08/10/2020
    • de BORSUS Willy
    Depuis l’annonce de la fermeture de Caterpillar en septembre 2016, la propriété du site, ainsi que sa gestion et sa commercialisation, ont été transférées à la SORESIC, joint-venture entre IGRETEC et la SOGEPA.

    Les cas récents de fermeture de méga-sites industriels en Europe d’une taille et d’une configuration comparables à celle de Caterpillar à Gosselies démontrent la difficulté d’identifier des repreneurs dans des activités industrielles d’assemblage et rares sont les exemples de succès :
    - le site d’Opel Anvers (100 ha localisés dans le port d’Anvers qui en est propriétaire) est laissé à l’abandon depuis 2011 ;
    - le site de Ford Genk (134 ha le long du canal Albert), propriété de la Région flamande depuis janvier 2015, vient d’être morcelé : une partie dédiée à logistique (40 ha), une partie dédiée à l’industrie nautique (50 ha) et le reste (44 ha) laissé vacant ou reconverti en zones vertes ;
    - le site d’Opel Bochum (95 ha) dans la Ruhr fermé en 2014 a été remis à neuf et loti (parcelles de 1 à 10 ha) avec une commercialisation débutant fin 2019 (mais la disponibilité de petites parcelles n’est pas critique à Charleroi).

    Fort de ces constats, le site de Caterpillar a fait l’objet de démarches intensives de prospection pour identifier des candidats repreneurs en collaboration avec notamment la Delivery Unit du Plan CatCh et le support de l’AWEx. Dans le contexte de ces nombreuses démarches, le développement d’un parc de divertissement Legoland par le groupe Merlin Entertainements apparaît comme un avant-projet intéressant, avec un partenaire international solide, que nous étudions en profondeur. Merlin Entertainements est en effet le numéro 2 mondial du secteur derrière Disney, et compte plus de 120 parcs avec dans son portefeuille des marques emblématiques telles que Madame Tussauds ou encore Sealife.

    Une première étude de faisabilité a mis en avant la compatibilité du site avec ce projet, ainsi que l’existence d’un marché suffisant, de sorte qu’aujourd’hui, des discussions sont en cours avec Merlin Entertainements afin d’investiguer les modalités de développement d’un tel projet. Comme je l’ai récemment rappelé, les discussions sont à ce stade encore préliminaires.

    En ce qui concerne les investissements et l’impact du projet, s’il aboutit, sur les dynamiques existantes, il y aura lieu d’effectuer une étude d’incidence qui devra préciser et clarifier les besoins.

    A priori, l’impact direct sur l’activité aéroportuaire devrait être limité, car le marché cible du projet se situe entre 0 et 3 heures de route autour du site.

    Concernant la création de lignes spécifiques (TEC ou train), en Europe, dans cette industrie, il est d’usage de considérer qu’entre 10 et 20 % des visiteurs se rendent dans les parcs d’attractions par transports en commun (bus, train, métro, et cetera), soit entre 150 000 et 300 000 visiteurs par an, calculés sur une base de 1,5 million de visiteurs par an, qu’il faudra pouvoir absorber.

    Tout comme pour l’impact sur l’activité aéroportuaire, si le projet se concrétise, un volet mobilité de l’étude d’incidence devra venir clarifier les éventuels besoins d’aménagement.

    Pour ce qui est d’une offre HORECA spécifique, différentes configurations du parc ont été considérées lors de l’étude de faisabilité dont certaines intègrent une offre d’hébergement sur site. À nouveau, à ce stade des discussions, la configuration du parc n’est absolument pas figée. Mais il apparaît évident que le développement de ce projet et d’une éventuelle offre hôtelière devra se faire en parfaite intégration avec l’offre locale, mais également régionale. Ce projet devra avoir pour objectif de renforcer l’offre touristique régionale wallonne existante, mais en aucun de la concurrencer.

    Au niveau des retombées en termes d’emploi, par transposition des emplois créés dans les autres parcs du groupe Merlin et sur base d’une étude d’incidence effectuée dans le cadre d’un nouveau parc Legoland qui ouvrira à New York en 2021, l’impact sur l’emploi est estimé à 800 emplois directs sur site dès l’ouverture et 600 emplois indirects ou induits (effet multiplicateur de 1.8).

    L’augmentation de la fréquentation du site et le développement d’attractions additionnelles pourraient permettre de doubler ces chiffres sur un horizon de 10 ans. À nouveau, étant donné le stade préliminaire du projet, il y a lieu de considérer ces chiffres avec les précautions d’usage.

    Enfin, concernant la poursuite du Plan CatCh, comme l’honorable membre le sait, ce plan, mis sur pied par le Gouvernement wallon et les forces vives de Charleroi s’est concentré sur le développement de 5 secteurs. Pour chaque secteur/écosystème, des projets ont été identifiés et amorcés par une Delivery Unit, une équipe de chefs de projets mobilisés pour une durée de 3 ans. Dans cette dynamique, le projet de promotion du site était un des projets parmi les dizaines de projets identifiés.

    La promotion du site est par ailleurs assurée aujourd’hui par la SORESIC. Suite à l’extinction programmée de la Delivery Unit en juin 2020, les autres projets sont quant à eux portés aujourd’hui par différents acteurs (Charleroi Entreprendre, IGRETEC…), de sorte que prolonger ou réinstaurer la Delivery Unit du Plan CatCh n’est pas à l’ordre du jour.