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Le retour du vautour fauve en Wallonie

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 34 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 22/09/2020
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Le vautour fauve a été observé dernièrement en Charente-Maritime et plus près de chez nous à Stavelot. Ce phénomène se reproduirait occasionnellement çà et là depuis 2017 en Belgique.

    D'après les experts, cet oiseau à l'envergure imposante ne s'installera pas définitivement chez nous. Notre relief ne s'y prête pas, il privilégie les falaises, où les vents facilitent son envol.

    Toujours d'après les spécialistes ces groupements d'oiseaux seraient des jeunes qui dévieraient leur trajectoire à la recherche de nourriture.

    Essentiellement charognard, on a pu observer ce phénomène au moment de la période de fauche des prairies, lorsque divers animaux comme les faons ou les rongeurs périssent et deviennent alors des proies idéales pour les vautours.

    S'il ne s'installe pas, son retour périodique n'est pas non plus à exclure.

    Ce phénomène fait-il l'objet de différentes observations par la DNF ou des spécialistes de la question ? Qu'en est-il de ces observations éventuelles ?

    Des mesures en vue d'assurer sa préservation sont-elles envisagées ?

    Connaît-on les impacts positifs et/ou négatifs de son passage sur la biodiversité et comment l'encadrer, le cas échéant ?
  • Réponse du 12/10/2020
    • de TELLIER Céline
    L’observation de vautours fauves en Belgique n’est plus un phénomène exceptionnel. Depuis 2007, plusieurs individus sont renseignés annuellement dans les bases de données gérées par Aves-Natagora ou par le Département de l’Étude du Milieu naturel et agricole, essentiellement en mai, juin et juillet. Certaines années, le nombre d’individus dépasse la centaine.

    Cet oiseau niche dans les massifs montagneux du sud de la France, essentiellement dans les Pyrénées, mais également dans les Grands Causses des Cévennes, dans le Vercors et dans les Alpes-de-Haute-Provence. Il s’agit en Wallonie d’un visiteur occasionnel qui n’est pas indigène.
    Le monitoring global des oiseaux en Wallonie concerne les espèces nicheuses et les espèces hivernantes. Les visiteurs occasionnels tels que le Vautour fauve ne font pas l’objet d’un suivi particulier.

    L’espèce est essentiellement sédentaire, c'est-à-dire qu’elle ne migre pas ou peu. Les spécialistes se sont donc interrogés sur les raisons de ses déplacements vers le nord.

    Une première hypothèse lie ces mouvements aux mesures sanitaires de fermeture de la plupart des charniers à ciel ouvert en Espagne, dans le cadre de la lutte contre l’épidémie d’Encéphalite Spongiforme Bovine (ESB).

    Certains spécialistes estiment toutefois ces mouvements naturels, à mettre en regard avec l’augmentation des populations à la suite des réintroductions menées depuis les années 1980 dans différents massifs montagneux du centre et du sud de l’Europe.
    Les observations d’individus à plusieurs milliers de kilomètres de leurs aires de reproduction concernent essentiellement des immatures qui ne sont pas en âge de nicher et partent en exploration, en s’appuyant sur des courants d’air chauds et ascendants pour parcourir de grandes distances en planant.

    Le Vautour fauve est un rapace exclusivement charognard. Les individus qui s’égarent très au nord de leur aire habituelle ont souvent du mal à se nourrir, surtout si la météo se dégrade et si les vents favorables disparaissent. Survoler la Belgique et les régions voisines les expose donc à une nourriture rare et ce survol est dès lors généralement de courte durée.
    L’étude des impacts du Vautour fauve sur la biodiversité ne fait pas l’objet d’investigations particulières dans la mesure où les habitats présents en Wallonie ne répondent pas du tout à ses exigences écologiques et/ou la probabilité de voir prochainement des oiseaux s’installer durablement chez nous est très faible.

    Sur la base de ce qui précède, aucune mesure de préservation n’est envisagée à ce stade.