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Le suivi de l'étude universitaire relative à l'humusation

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 39 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 25/09/2020
    • de LENZINI Mauro
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Je reviens vers Madame la Ministre pour faire le point sur un dossier qui a déjà été évoqué à plusieurs reprises au sein de cette assemblée : l'humusation.

    En juin dernier, elle annonçait, en réponse à une question sur le même thème, que les résultats de l'étude de l'UCL étaient en phase de finalisation et attendus pour début juillet et qu'un premier rapport devrait suivre.

    En ce début de session parlementaire, peut-elle faire le point sur l'état d'avancement de ce dossier ? Quelles sont les perspectives qu’elle peut mettre en lumière ?
  • Réponse du 18/11/2020
    • de TELLIER Céline
    Le rapport final de l’étude menée par l’Université catholique de Louvain intitulé « Conversion aréobie des dépouilles - Validation méthodologique » m’est parvenu le 20 octobre dernier. Je livre ci-dessous une synthèse de ce rapport.

    L’incinération et l’inhumation traditionnelle ont un impact sur l’environnement.

    En effet, la première est consommatrice de ressources fossiles et la seconde laisse des sols pollués. Cette observation est le point de départ d’une série de recherches sur les méthodes alternatives de gestion des dépouilles, certaines technologiques, d’autres visant les procédés les plus écologiques possible.

    Parmi ces dernières, l’humusation naturelle ou biologique s’intéresse au compostage aérobie des dépouilles. Les dépouilles sont déposées sur un lit de matière compostable (broyat de branches, feuilles…) et recouvertes de ce même matériau jusqu’à formation d’une butte. Après trois mois sans intervention, les os nus sont récupérés, broyés et réintégrés à la butte pour maturation du compost.

    Fin 2018, une étude subventionnée par la Wallonie a été mise en place avec pour objectif de vérifier la faisabilité de cette méthode, d’établir le cas échéant un mode opératoire reproductible et de garantir que l’humusation est neutre d’un point de vue environnemental.

    Une première expérience a été menée du 14 décembre 2018 au 20 mars 2019 et une seconde du 17 décembre 2019 au 6 juillet 2020, toutes deux sur des dépouilles de porcs. En effet, une expérimentation sur modèle animal est un prérequis pour toute étude sur dépouille humaine et le porc présente des caractéristiques assez proches des humains (poids, taille et physiologie).

    Au terme de chaque essai, l’exhumation a révélé des carcasses de porcs faiblement décomposées et des restes d’aspect blanchâtre et gras, résultat de la transformation des graisses en savons imputrescibles. De plus, la température mesurée au centre des buttes tout au long des essais indique une hygiénisation insuffisante du contenu des buttes et une influence de la température extérieure sur le bon déroulement du compostage.

    Les résultats attendus n’ont donc pas été obtenus, bien que la durée des expériences dépassait largement les trois mois : 13 semaines et 30 semaines respectivement.

    Plusieurs facteurs et phénomènes ont été identifiés comme limitant le processus de compostage.

    Premièrement, le rapport carbone/azote du matériau compostable, trop élevé lors du premier essai, a été optimisé pour l’essai en 2019-2020. Cela a permis d’atteindre des températures plus élevées, supérieures à 60°C.

    Dans un second temps, l’apport en oxygène au centre des buttes s’est révélé insuffisant, ce qui a provoqué la chute prématurée de ces températures élevées.

    Une dernière hypothèse est que l’accumulation des liquides de décomposition des dépouilles a modifié localement les conditions favorables au compostage.

    L’analyse des sols sous les buttes d’humusation a révélé des quantités d’ammoniaque jusqu’à 57 fois plus élevées que dans l’échantillon de sol témoin. La minéralisation de cet excès d’ammoniaque en nitrates lessivables pourrait entraîner la pollution des cours d’eau, comme régulièrement observée entre octobre et décembre.

    Les analyses effectuées n’ont pas mis en évidence d’autres polluants potentiels.

    À ce stade donc l’étude ne permet pas de conclure que l’humusation naturelle est une alternative viable aux process habituels, mais je recevrai en temps utile les responsables scientifiques de l'étude, ainsi que les services administratifs concernés pour disposer d'une vision globale sur ce sujet qui touche beaucoup de gens qui désirent diminuer leur empreinte environnementale tout au long de leur vie et donc aussi en fin de vie.