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L'impact de l'e-commerce sur l'emploi wallon

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 42 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 29/09/2020
    • de BIERIN Olivier
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    L'installation du hub logistique d'Alibaba à Liege Airport a fait couler beaucoup d'encre. D'un côté, certains se réjouissent de voir arriver le géant chinois et les promesses d'emplois qu'il représente, tandis que de l'autre côté, certains s'inquiètent des nuisances sonores, écologiques, mais aussi économiques que l'installation d'Alibaba pourrait causer.

    Alibaba domine le secteur de l'e-commerce à l'échelle mondiale, en compétition avec le géant américain Amazon. Bien que ces deux groupes aient des stratégies différentes, leur business model a un impact similaire sur le commerce mondial, mais aussi local, et il peut être intéressant de les comparer.

    À cet égard, en novembre dernier, Mounir Mahjoubi, l'ex-Secrétaire d'État au Numérique de France, publiait une étude intitulée « Amazon : vers l'infini et Pôle emploi » où il analysait l'impact de l'entreprise américaine sur l'emploi français. Selon ses calculs, qui se basent sur les chiffres de l'INSEE, pour une création d'emplois chez Amazon en France, il y a 2,2 emplois perdus dans le commerce traditionnel. De la même manière, pour une création d'emplois chez un vendeur tiers grâce à Amazon, 1,3 emploi serait potentiellement détruit.

    Cette estimation conforterait les résultats obtenus en 2016 par l'Institute Local Self-Reliance, une ONG qui promeut le développement durable aux États-Unis.

    Monsieur le Ministre a-t-il pris connaissance de cette étude ? Quelle analyse en tire-t-il ?

    Peut-il nous fournir des chiffres wallons sur la création et la destruction d'emplois liées à l'e-commerce en général ?

    Peut-il également nous fournir des chiffres wallons sur la création et la destruction d'emplois liées à Amazon et à Alibaba ?

    A-t-il étudié les mesures et projets à mettre en place afin de maximiser les retombées pour nos PME, mais également de minimiser les impacts négatifs pour celles-ci ?
  • Réponse du 23/10/2020
    • de BORSUS Willy
    Les dernières statistiques disponibles (2019), quant à l’impact de l’e-commerce sur l’emploi local, publiées par le consultant wallon Retis, se chiffrent à 5 000 le nombre d’emplois en Belgique dans la vente en ligne en B2C.

    L’e-commerce B2C en Belgique serait de l’ordre de 10 000 emplois directs et indirects. Les statistiques montrent également que le nombre d’entités économiques belges déclarant avoir principalement une activité de commerce de détail en ligne augmente d’environ 20 % par an, pour atteindre 4 205 au 1er janvier 2019.

    Tout ce phénomène a bien entendu été accentué en 2020 avec la crise sanitaire que nous vivons aujourd’hui. Les experts affirment que l’e-commerce a fait un bond de plus de 5 ans et que surtout, l’opposition entre e-commerce et commerce de proximité a disparu. D’après les analyses, 8,5 millions de Belges commandent désormais en ligne, pour 58 millions de commandes sur les 6 premiers mois 2020.

    La fédération du commerce Comeos a publié une étude sur l’impact de la crise du coronavirus sur les habitudes de consommation. Il en ressort que plus d’une personne interrogée sur deux estime que sa manière de faire du shopping a définitivement changé.

    Le boom digital du retail doit profiter à l’emploi en faisant en sorte que le commerce traditionnel s’adapte à ce nouveau mode de vente.

    Ce secteur crée de plus en plus d’emplois, car derrière Internet il faudra toujours une présence humaine. En matière de transport et logistique aussi, la création d’emplois s’intensifie et de nouvelles sociétés se créent pour assurer les livraisons.

    Avec sa structure verticale à contrôle total de la supply chain, le géant AMAZON semble faire disparaître plus d’emplois locaux qu’il n’en crée, même s’il compte 550 000 personnes à travers le monde.

    Le modèle d’Alibaba, quant à lui, est totalement différent de celui de la société américaine. Le Groupe Alibaba, et plus précisément son bras logistique Cainiao Smart Logistics, qui investit à Liège, sous-traite le fonctionnement de ses services et de ses plateformes logistiques à des entreprises locales qui connaissent le marché et les circuits de distribution.

    L’emploi sera liégeois, direct et indirect, à l’aéroport comme dans le développement d’autres activités connexes, en gestion et maintenance de plateformes digitales, en consolidation à l’export de produits européens pour retourner en Chine. On dénombre aujourd’hui près de 9 000 emplois directs et indirects sur le site de Liege Airport et les derniers chiffres communiqués par Cainiao pour leur hub logistique à Liège visent 240 emplois directs, le nombre d’emplois indirects n’étant pas encore connu à ce jour.

    Enfin, volet export extrêmement important lié à cet investissement, l’arrivée du géant de l’e-commerce se traduit concrètement par des opportunités d’exportation nouvelles pour nos PME vers le marché chinois, mais également les marchés à l’international, ce qui va créer de la demande et donc de l’emploi.

    La Wallonie, mais aussi la Belgique en général, accuse un net retard en offre e-commerce, si l’on compare avec d’autres pays voisins comme la France ou les Pays-Bas, par exemple. Il y a clairement un déficit d’offres qui contraste avec la demande d’achats en ligne des consommateurs en croissance constante. D’où l’arrivée d’acteurs comme Alibaba, et récemment de COOLBLUE sur les marchés de Bruxelles et de Wallonie.

    L’e-commerce est pourtant une opportunité de se développer à l’international, à faible coût. Les quelques entrepreneurs qui l’ont compris sont souvent parvenus à développer de manière significative leurs activités à l’exportation. Les PME wallonnes ont des parts de marché à prendre dans ce nouvel écosystème des « Routes digitales ».

    Pour les entreprises, le commerce électronique permet d’optimiser les processus de vente et de générer plus de chiffre d’affaires. On cherche ainsi à rendre toutes les opérations liées à la vente plus efficaces et à réduire les coûts associés. Les entreprises gagnent de nouveaux canaux de vente via Internet par le biais de boutiques en ligne, de places de marché (par exemple, Bol.com) ou de plateformes d’enchères (comme eBay).