/

La prolifération des méduses d'eau douce

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 54 (2020-2021) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 06/10/2020
    • de GAHOUCHI Latifa
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Depuis quelques années, on peut observer que la présence de méduses sous la surface des plans d'eau de nos régions est de plus en plus nombreuse. Il y a une véritable prolifération de celles-ci dans les cours d'eau wallons.

    Ces méduses évoluent généralement entre la surface et une profondeur de 5 mètres tout au plus. Sans que la liste soit exhaustive, la présence de ces cnidaires a pu être observée dans les carrières de l'Orient, de la Lapinière, mais aussi dans celle de Barges.

    Madame la Ministre a-t-elle été informée de ce phénomène ?

    La prolifération de ces méduses ne représente-t-elle pas une menace pour la biodiversité locale ?

    La baignade dans certains cours d'eau wallons ne risque-t-elle pas d'être entravée par la présence de ces méduses ?

    Est-il prévu un affichage bien visible aux abords des cours d'eau et/ou dans les carrières afin de prévenir les plongeurs et/ou les nageurs éventuels ?

    Quelles sont les actions qui seront mises en œuvre afin de surveiller ce phénomène et d'étudier les impacts possibles sur la biodiversité locale et de remédier si nécessaire à la situation ?
  • Réponse du 19/11/2020
    • de TELLIER Céline
    Les eaux wallonnes abritent par endroit une espèce de méduse d’eau douce. Il s’agit d’une limnoméduse dont le nom scientifique est Craspedacusta sowerbii. Celle-ci est connue dans nos eaux depuis plusieurs décennies et ne pose aucun risque pour la santé publique.

    Cette limnoméduse est caractérisée par un cycle biologique complexe : la plupart du temps l’espèce se présente sous la forme de petits polypes de quelques millimètres attachés sur le fond des étangs et des carrières inondées. À ce stade, elle est très souvent discrète et faiblement détectée. Parfois, de manière sporadique et imprévisible, ces polypes bourgeonnent et libèrent de petites méduses, d’abord de quelques millimètres pouvant atteindre une taille maximale de 2,5 centimètres. Ces bourgeonnements ne sont pas saisonniers et, à ce stade, les chercheurs n’ont pas réussi à identifier les facteurs environnementaux qui déclenchent cette transformation du stade polype au stade méduse. C’est ce stade méduse qui permet la reproduction sexuée de l’espèce.

    L’émergence de ces méduses peut être spectaculaire, leur densité atteignant parfois plusieurs individus par mètre carré. Ce phénomène dure de quelques jours à maximum quelques semaines.

    Chez nous, l’espèce est uniquement présente dans les étangs, mares et carrières inondées. Elle ne fréquente pas les rivières. À ce stade, mon administration ne me rapporte aucune augmentation significative de bourgeonnement de ces méduses dans nos plans d’eau. Celle-ci continue ainsi à faire sporadiquement la joie des plongeurs et des naturalistes qui fréquentent et observent ces milieux.

    Comme je l’ai dit, ces méduses sont inoffensives pour l’homme. Les cellules urticantes présentes sur ses petits tentacules pour lui permettre de capturer ses proies habituelles ne lui permettent pas de percer ou d’irriter l’épiderme humain, pas même celui d’un enfant. Ces méduses se nourrissent de micro-organismes du plancton, tels que des copépodes et des cladocères, qui abondent dans les plans d’eau. Craspedacusta sowerbii est donc un prédateur intermittent, fragile, qui ne fait peser aucune menace particulière sur la biodiversité de nos étangs et mares.

    Mon administration exerce une surveillance générale de la faune et de la flore des milieux aquatiques via le réseau de surveillance de la qualité biologique des eaux de surface, lequel compte près de 400 points d’observation répartis sur tout le territoire, ainsi que via le réseau de surveillance du Réseau Natura 2000.

    Étant donné que cette espèce ne présente aucun risque sanitaire et qu’elle n’a aucun impact sur la biodiversité des eaux de surface, aucune mesure particulière de surveillance ou de gestion à son égard n’est envisagée.