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L'importante réduction des commandes dans la sidérurgie

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 55 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 09/10/2020
    • de FONTAINE Eddy
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Le super syndicat européen de l'industrie, InustriAll Europe, s'épanchait, ce 1er octobre, lors de l'European Steel Action Day, en indiquant que la sidérurgie était en danger après l'application d'une concurrence déloyale et la surproduction chinoise ces dernières années.

    Un plan d'action aurait été rédigé par le syndicat et présenté à la présidence allemande de l'Union européenne.

    La crise sanitaire a aggravé la situation déjà difficile du secteur en Europe. La Chine, pourtant au cœur de la pandémie, a continué et augmenté sa production d'acier, jusqu'à 8,4 % par rapport à l'an dernier, alors que les États-Unis accusent une baisse de 24,4 % et l'Europe de près de 20 %.

    En juillet dernier, j’interrogeais Monsieur le Ministre sur l'impact de la crise sur la production wallonne, sur l'avancée d'une concertation avec les syndicats ainsi que sur les quotas d'importation. Il m'informait de la décision de l'Union européenne de ne pas ajuster les quotas d'importation au regard de l'effondrement de la demande.

    Peut-il nous en dire plus sur le plan d'action rédigé par le syndicat européen de l'Industrie ? A-t-il connaissance de ce plan d'actions et des actes qui y sont proposés ?

    Comment les sidérurgies wallonnes pourront-elles s'inscrire dans ce plan ?
  • Réponse du 26/10/2020
    • de BORSUS Willy
    L’organisation coupole de syndicats européens représentant les travailleurs de nombreux secteurs industriels (IndustriAll) a profité de la journée d’action européenne pour l’acier (1er octobre 2020) pour communiquer sur son plan d’action européen pour l’acier.

    Ce « plan d’action » est en réalité une position paper intitulée « European Steel Action Plan : A recovery plan for European steel ».

    Malheureusement, nous n’avons pas d’informations à ce stade en ce qui concerne l’accueil de ce document au niveau de la Commission européenne ou de la Présidence allemande du Conseil de l’Union européenne (UE). En tous les cas, nous pouvons affirmer que ce plan d’action n’a pas encore été évoqué dans les filières techniques du Conseil Compétitivité, en particulier dans la filière « Industrie ».

    Concernant plus précisément le contenu de ce plan d’action, la principale revendication formulée est que la Commission européenne propose un nouveau plan d’action pour l’acier européen et mette en place un groupe à haut niveau sur l’acier. Selon IndustriAll, le plan d’action adopté par la Commission en 2013 (« Assurer l’avenir de l’acier en Europe ») n’est plus à jour vu les développements intervenus depuis lors : une chute de la production d’acier dans l’UE malgré une augmentation de la production mondiale ainsi que des problèmes de surcapacité entrainant une diminution des prix.

    Par ailleurs, IndustriAll y demande que des mesures urgentes soient prises pour permettre au secteur sidérurgique de surmonter les conséquences de la crise de la Covid-19. Il est question d’accorder une attention suffisante dans le cadre du plan de relance européen aux besoins du secteur, notamment dans la perspective d’investissements durables. Il est également question d’incitants aux niveaux européen et national pour relancer la production en tenant compte des secteurs qui utilisent beaucoup d’acier comme l’automobile et la construction.

    Toujours en lien avec le contexte de crise, IndustriAll réclame une mise à jour des mesures de sauvegarde en vigueur depuis le 1er juillet 2020 pour tenir compte de la forte chute de la demande européenne. Il demande à cet égard que les quotas d’importation en franchise de droits pour l’acier soient réduits de 75 % en ce qui concerne les deuxième et troisième trimestres de 2020.

    Lors des dernières discussions au niveau européen (Conseil Affaires étrangères/Commerce informel des 20 et 21 septembre), la Belgique aux côtés des autres États membres producteurs d’acier a pressé la Commission européenne d’agir pour sauver ce secteur d’une importance économique prépondérante. L’approche purement légaliste de la Commission qui ne souhaite rien entreprendre qui puisse être contesté à l’OMC, tandis que les concurrents – US en tête – soutiennent allègrement ce secteur, a été déplorée. Il a également été demandé à la Commission d’anticiper l’expiration en 2021 des mesures de sauvegarde en vigueur actuellement, dans un contexte où nos concurrents vont certainement maintenir voir étendre les leurs. La Belgique a par ailleurs appelé la Commission à écouter davantage les représentants du secteur. En d’autres mots, je peux assurer que la Belgique n’est pas inactive sur ce dossier.

    Notons néanmoins que la Commission européenne est passée à l’action en date du 7 octobre 2020 en ce qui concerne les importations d’acier en provenance d’Asie. Ainsi, à la suite d’une enquête approfondie visant à réparer les dommages liés au dumping causés aux producteurs de l'UE situés principalement en Belgique, en Italie et en Finlande, la Commission a décidé d’imposer des droits antidumping définitifs sur les importations de tôles et rouleaux en acier inoxydable laminé à chaud en provenance d'Indonésie, de Chine et de Taïwan. L'UE va désormais imposer des droits supplémentaires de 17,3 % sur les importations en provenance d'Indonésie, de 19 % maximum sur les importations en provenance de Chine et de 7,5 % maximum pour les importations en provenance de Taïwan.

    En plus des éléments déjà mentionnés, la position paper contient toute une série de revendications pour la plupart adressées aux décideurs européens, mais également aux États membres et autorités publiques et aux industriels du secteur. Parmi celles-ci, relevons qu’IndustriAll plaide en faveur du développement de synergies entre le futur plan d’action européen - qu’il appelle de ses vœux - et le Pacte vert pour l’Europe, d’une part, et la nouvelle stratégie industrielle, d’autre part. Il est également réclamé que l’UE introduise de manière urgente des mesures d’ajustement carbone pour assurer des conditions de concurrence équitable (Level playing field) entre l’acier européen et l’acier importé en ce qui concerne les coûts directs et indirects de la mise à prix du carbone (système ETS). IndustriAll y plaide encore pour une accélération de la mise en œuvre de la stratégie de l’UE en matière d’acier propre.

    Au niveau wallon, le gouvernement sera attentif au suivi et à la mise en œuvre de la nouvelle stratégie industrielle de l’UE et aux opportunités qui en découleront.

    En effet, l’un des objectifs de la stratégie industrielle est de soutenir l’industrie européenne sur la voie de la neutralité climatique. Dans l’optique de créer de nouveaux marchés pour des produits de base comme l’acier qui soient circulaires et neutres sur le plan climatique, la Commission européenne a déclaré vouloir soutenir la mise au point de technologies de pointe dans le domaine de l’acier propre qui conduira à un processus d’élaboration d’un acier « zéro carbone ».

    Pour cela, elle pourra s’appuyer notamment sur le Fonds pour l’innovation du système d’échange de quotas d’émission de l’UE (ETS) qui aidera à déployer d’autres projets innovants à grande échelle visant à soutenir des produits propres dans tous les secteurs à forte intensité énergétique. La Commission s’est par ailleurs engagée en mars 2020 à élaborer une stratégie en matière d’acier propre.
    Notons également que l’industrie bas-carbone compte parmi les chaines de valeur sélectionnées au niveau européen pour de potentiels projets importants d’intérêt européen commun ou IPCEI. La Wallonie, qui prend déjà une part active à des projets européens dans le domaine des batteries, sera attentive aux initiatives qui pourraient naitre dans le domaine de l’acier propre.

    Rappelons encore l’existence du Fonds européen de recherche pour le charbon et l’acier qui soutient des projets d’innovation en matière notamment d’acier propre. Ce programme européen apporte un financement complémentaire aux recherches qui sont menées par le Centre de Recherche métallurgique, associé à l’ULiège.

    Enfin, la métallurgie constitue l’une des chaines de valeur prioritaires pour la Wallonie dans le cadre de la stratégie wallonne en matière d’économie circulaire.