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Le développement des centres de recherche en Wallonie

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 79 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 19/10/2020
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Nous pouvions lire récemment, dans les colonnes du journal « La Libre », l'interview de l'Administrateur délégué de l'Union wallonne des entreprises, Monsieur de Wasseige. Dans cet interview, plusieurs éléments ont été abordés et plusieurs pistes ont été suggérées, afin de donner à la Wallonie toute une série d'instruments nécessaires à son rayonnement national, mais aussi international.

    Après avoir souligné l'importance de réformes structurelles, Monsieur de Wasseige parle des centres de recherche. Il souligne une différence fondamentale avec la Flandre, à savoir le nombre de ces centres sur le territoire.

    En Wallonie, on compte un peu plus de 10 centres de recherche qui se concentrent sur les mêmes thématiques, en Flandre il n'y en a qu'un seul (l'IMEC).

    Certes, cet unique centre compte plus de 4 000 chercheurs, mais les énergies convergent toutes vers la même direction. Grâce à cette convergence, l'IMEC a acquis une reconnaissance internationale. Toujours selon Monsieur de Wasseige, il est important que nos centres puissent aller chercher du financement européen afin de continuer à proposer de l'innovation dans des secteurs porteurs.

    Une telle initiative est-elle envisagée dans le cadre du Plan « Get up Wallonia ! » ?
    Le cas échéant, quelles sont les idées qui sont retenues dans ce domaine ?

    Si une telle réforme n'est pas envisagée, est-ce que d'autres pistes sont sur la table afin de redéfinir le secteur d'une autre façon ?
  • Réponse du 12/11/2020
    • de BORSUS Willy
    Monsieur de Wasseige suggère notamment, dans l’interview à laquelle il est fait référence, qu’il faut prendre exemple sur la Flandre en mettant sur pied un centre de recherche de taille plus importante et à visée internationale, à l’image de l’IMEC, centre de recherche flamand spécialisé dans la microélectronique et mondialement réputé.

    Tout d’abord, je souhaite insister sur le rôle et l’investissement des Centres de recherche wallons. Il s’agit d’acteurs indispensables à une politique de recherche ambitieuse pour notre Région. Je tiens vraiment à souligner ici le travail accompli par ceux-ci et par leurs équipes.

    En Wallonie, comme l’indique bien l’article de « La Libre », nous comptons 19 centres de recherche agréés répartis comme suit :
    - 9 centres collectifs issus de la loi De Groote. Celle-ci a été édictée en 1947 pour répondre au besoin de relance du tissu industriel d’après-guerre avec l’appui des secteurs industriels concernés. Ces centres sont fédéraux et sont fortement liés à des fédérations d’entreprises (Agoria, Fedustria, Confédération Construction…).
    Les centres De Groote agréés par la Région wallonne sont les suivants : SIRRIS, CRM, CSTC, wood.be, CRR, CRIBC, IBS, CRIC et Centexbel.
    - 6 centres hennuyers issus des fonds européens FEDER - Objectif 1 (période 1995-2002). Ceux-ci ont été créés grâce aux fonds structurels européens et à leur contrepartie régionale, et cela, à l’initiative principale des universités. Ces centres ont ainsi bénéficié de ressources financières importantes pour s’établir, s’équiper et engager du personnel hautement qualifié.
    Leur objectif était également de contribuer au développement industriel régional, mais sur des technologies ou des secteurs nouveaux, sensiblement différents de ceux des centres De Groote : les industries extractives, les TIC, l’aéronautique, les matériaux nouveaux, la chimie fine et les biotechnologies.
    De manière générale, ces centres ne perçoivent pas de cotisation et vivent exclusivement de prestations de service et de projets de recherche en partie subventionnés par la Région wallonne ou la Commission européenne. Il faut savoir également que ces centres ne reçoivent ni dotation publique ni financement structurel.
    Ces centres sont les suivants : CTP, Cenaero, Multitel, Materia Nova, CETIC et CERTECH.
    - 4 autres centres issus d’initiatives portées par des forces vives locales (1947 – 1980) : CER, CEBEDEAU, INISMa et Celabor.

    En Flandre, contrairement à ce que l’article laisse supposer, il n’existe non pas un seul centre de recherche, mais bien 14 Centres de recherche agréés. Ils peuvent être répartis comme suit :
    - 10 Centres fédéraux issus de la loi De Groote. Les mêmes que ceux agréés en Wallonie, auxquels il faut ajouter Tecnolec ;
    - centres de recherche stratégiques (SOC) créés par le Gouvernement flamand :
    * Imec : Interuniversity Microelectronics Centre ;
    * Flanders MAKE : Centre de recherche stratégique de l’industrie manufacturière ;
    * VITO : Institut flamand pour la recherche technologique ;
    * VIB : Institut flamand pour la Biotechnologie.

    En particulier, l’IMEC, acronyme de « Institut de microélectronique et composants » (en anglais « Interuniversity microelectronics centre »), est un institut de recherche interuniversitaire flamand en microélectronique et nanotechnologies, situé à Leuven. L'institut a un chiffre d’affaires de 640 millions d’euros (2019) et emploie environ 4 500 personnes. Il possède des infrastructures de pointe évaluées à 2 milliards euros.

    Ses domaines d’activités sont :
    - Nanoélectronique en filière CMOS (semi-conducteurs)
    - Nanotechnologie et Nanoélectronique en filière post-CMOS
    - Technologies Multi-modes multimédia (M4)
    - Solutions pour transducteurs radio autonomes
    - Cellules solaires (Silicium, organique, couches minces CIGSe/CZTSe)
    - Capteurs d'image rétro-éclairés à grand champ en filière CMOS
    - Encapsulation avancée et technologies d'interconnexion (Bumping, WLP)
    - Empilement 3D (Through-Silicon Vias)
    - Équipements à consommation optimisée basés sur des technologies de matériaux de classe III-V (GaN, GaAs...)
    - Bio-électronique et neuro-prothèses
    - Électronique organique
    - Composants et technologies radio
    - MEMS(microsystèmes électromécaniques) pour les applications radio-fréquences et millimétriques
    - Méthodologies de conception et technologies de CAO électronique
    - MEMS associées à la production d'énergie.

    La fondation de l'IMEC remonte à 1982 lorsque le gouvernement régional flamand a lancé un programme de soutien à l'industrie microélectronique en Flandre. L'un des volets de ce programme a été la création d'un laboratoire de recherche en microélectronique, en proximité avec le laboratoire ESAT de la Katholieke Universiteit Leuven (KUL). Ce laboratoire est devenu l'IMEC. L'autre volet fut le soutien à la formation d'ingénieurs en microélectronique (INVOMEC & MTC, Microelectronics Training Center), fonction aujourd'hui assurée par l'IMEC elle-même.

    IMEC a été ouverte en 1984 sous la forme d'une association sans but lucratif, dirigée par le professeur Roger Van Overstraeten (KUL), sous la supervision d'un conseil d'administration comprenant des représentants de l'industrie, des universités flamandes et du gouvernement régional flamand. En juin 1999, le professeur Gilbert Declerck succède au professeur Roger Van Overstraeten à la tête de l'IMEC.

    En 2005, une coopération entre l'IMEC et la TNO (Nederlandse Organisatie voor Toegepast Natuurwetenschappelijk Onderzoek) conduit à la création du Centre Holst. Ce centre de recherche a pour mission de créer des technologies génériques et de renforcer le potentiel d'innovation dans les domaines des transducteurs radio autonomes et des systèmes en couches minces. Le centre Holst est situé sur le campus de hautes technologies d'Eindhoven, aux Pays-Bas.

    L'IMEC est devenu, au fil du temps, un des premiers centres mondiaux de R&D en micro et nanoélectronique, employant environ 4 500 chercheurs et ingénieurs. IMEC coopère aujourd'hui avec tous les principaux fabricants mondiaux de semi-conducteurs (Intel, Samsung, STM, NXP Semiconductors, TSMC, Hynix, etc.) ainsi qu'avec la plupart des principales sociétés de conception électronique et équipementiers.

    L’élément principal du succès de l’IMEC est la mise en œuvre de deux salles blanches qui permettent l’étude et la fabrication de semi-conducteurs innovants et qui fonctionnent dans un environnement semi-industriel. Les investissements consentis pour la construction de ces infrastructures remarquables sont évalués à 2 milliards euros.

    Tentons de comparer l’IMEC aux centres wallons non issus de la loi De Groote, plusieurs constats peuvent être posés :
    * A l’instar de la majorité des centres hennuyers issus de la programmation FEDER-Objectif 1, la création de l’IMEC est d’initiative interuniversitaire (KULeuven, UGent et VUB). L’IMEC a d’ailleurs gardé des liens forts avec le monde académique. Il s’identifie d’ailleurs comme un hub de recherche ayant des activités décentralisées chez les core labs et les associated labs au sein des universités flamandes. Grâce à ces collaborations étroites, 700 doctorants ont pu être formés en son sein.
    A contrario, la politique régionale wallonne a plutôt poussé les CRa à s’affranchir de la tutelle des universités au profit d’une gouvernance industrielle. Ainsi, les liens privilégiés avec les universités se sont distendus au profit d’une politique plus orientée vers les besoins des entreprises, notamment des PME n’ayant pas ou peu d’activités de R&D en leur sein.
    * Les principaux domaines d’excellence de l’imec que sont la microélectronique, les MEMS et les semi-conducteurs n’ont pas vraiment d’équivalents dans les CRa wallons. En effet, à notre connaissance, les CRa wallons ne sont pas vraiment spécialisés dans ces secteurs spécifiques. Dans la partie francophone du pays, ces domaines sont plutôt l’apanage des universités qui possèdent une bonne expertise (par exemple, le WinFab de l’UCL).
    * L’IMEC est un formidable exemple d’un centre de recherche qui a réussi à grandir et à évoluer pour devenir incontournable dans son domaine. À son origine, le secteur des semi-conducteurs était encore balbutiant. L’initiative flamande de concentrer ses moyens dans un secteur d’avenir était un vrai pari. Mais force est de constater que ce pari a été relevé au-delà de toute espérance. En effet, l’IMEC est parvenu à créer en 35 ans une niche unique sur le plan mondial. En cela, l’IMEC a été conçu au bon endroit, au bon moment, et a couvert une demande technico-économique non adressée à l’époque. C'est très heureux pour la Flandre, mais on voit aussi qu'il n'y a pas de recette pour le reproduire aisément en Flandre ou ailleurs.
    Il faut également savoir qu’à ses débuts, la croissance de l’imec s’est bâtie entièrement autour du domaine des semi-conducteurs qui reste un domaine de niche technologique. Hormis l’absorption d’iMinds (Technologie de l’Information), il n’est pas le fruit d’une fusion de larges domaines d’excellence qui ont été regroupés au sein d’un seul et même centre. Il est plutôt le résultat d’une success story basée sur l’hyper spécialisation dans un domaine porteur et non pourvu.
    En cela, il faut bien constater qu’aucun CRa wallon n’a trouvé un marché de niche aussi porteur que celui des semi-conducteurs, domaine qui lui aurait permis de croître pour atteindre une masse critique suffisante et ainsi, devenir un acteur incontournable dans son secteur.
    La recette est donc difficile à transposer dans nos CRa wallons car leurs domaines d’expertise couvrent des secteurs bien plus diversifiés que le domaine spécifique des semi-conducteurs. Néanmoins, des synergies peuvent certainement être trouvées afin de mettre en commun des expertises proches. On peut notamment penser au domaine des matériaux ou des Technologies de l’Information.
    * Depuis la création de l’IMEC, d’importants moyens ont été consacrés à la pérennité du CRa. Il faut savoir que l’IMEC reçoit une dotation publique annuelle de 100 M d’euros de la part de la Flandre. Cela représente environ 20 % de ses recettes. De manière plus générale, la Flandre consacre environ 250 M d’euros en financement structurel à destination des 4 centres flamands (SOC).
    Pour rappel, il faut souligner qu’actuellement, aucun financement structurel n’est octroyé par les pouvoirs publics wallons à ses centres de recherche. Il est plutôt demandé aux centres wallons de s’autofinancer. Notamment, en montant des projets de recherche permettant l’octroi de subsides wallons et européens ou encore en effectuant des prestations de services pour le compte des entreprises.
    Le modèle financier flamand est-il transposable en Wallonie ? La question peut être étudiée, mais cela demandera plus que probablement une augmentation conséquente de moyens consacrés aux CRa. À titre de comparaison, ces mêmes moyens pour l’ensemble des 19 CRa agréés en Wallonie est de l’ordre de 30 M d’euros par an en moyenne, fonds FEDER compris.
    * La réussite de l’IMEC est également basée sur la mise en œuvre d’infrastructures de recherche exceptionnelles et différenciantes. Notamment, la mise sur pied de deux chambres blanches consacrées à la micro et nanoélectronique et ayant nécessité un investissement total de 2 milliards euros, comme évoqué ci-dessus, a permis d’attirer les leaders mondiaux dans le domaine qui paient une cotisation conséquente pour y avoir accès. Les rentrées industrielles représentent 67 % de leurs recettes, ce qui est tout à fait exceptionnel pour un centre de recherche.
    Ces dernières années, il faut constater que trop peu d’infrastructures de recherche différenciantes et de haut niveau ont été mises en place dans nos CRa wallons, faute de moyens. La prochaine programmation FEDER est une excellente occasion de financer ces infrastructures de haut niveau qui permettra à nos CRa de se différencier et de devenir incontournable dans leur secteur. Il faudrait veiller à concentrer les moyens sur les investissements les plus porteurs.
    * Comme souligné précédemment, une grande partie des recettes de l’IMEC provient de cotisations de grandes entreprises internationales dans le domaine des semi-conducteurs afin d’avoir accès aux chambres blanches.
    Or, en Wallonie, les pouvoirs publics imposent plutôt aux CRa de consacrer leurs activités au soutien du secteur industriel « local », avec un accent important mis sur les PMEs n’ayant pas ou peu d’activités de R&D en leur sein. À ce niveau, un changement de stratégie ne me semble pas totalement souhaitable.
    Dans le même ordre d’idée, une des missions de l’IMEC est de créer de l’activité industrielle via la création de spin-offs. À ce jour, une quarantaine d’entreprises ont été créées sur la base de compétences de l’IMEC. Ce succès est vraiment très impressionnant.
    * Vu sa masse critique et son expertise incontournable, un des points forts de l’IMEC est sa capacité à capter des projets européens dans le cadre du programme Horizon 2020 ou de programmes menés par l’ESA. Environ 38 millions d’euros de subsides proviennent de cette source de financement. Cela représente 6 % de ses recettes.
    En la matière, un constat peut être posé. Trop peu de CRa wallons vont chercher des aides au niveau européen. Même si cette tendance s’observe également dans le chef des universités et des entreprises wallonnes, le rôle de leader dans le montage de dossiers européens n’est pas suffisamment adéquatement tenu par les CRa wallons. Même si d’autres facteurs sont en cause, l’absence de centre ayant une masse critique suffisante peut expliquer en partie ce constat.
    Il faut aussi souligner que la cellule en charge des projets européens à l’IMEC compte à elle seule une vingtaine de personnes chargées d’analyser les projets d’appels dans les domaines d’expertise de l’IMEC. La préparation des projets eux-mêmes est du ressort des équipes concernées.
    Ce chiffre est à mettre en perspective avec la dizaine de personnes du National Contact Point (NCP) subventionnées par la Région et chargées de mettre en œuvre ces activités pour l’ensemble des 19 CRa.

    Ces constats ayant été établis, est-il judicieux de prendre exemple sur l’IMEC pour justifier une rationalisation des CRa ? Nous avons vu plus avant qu’il était compliqué de comparer des situations parfois fort dissemblables. Néanmoins, on peut admettre que trop peu de CRa wallons possèdent une taille critique suffisante pour s’inscrire valablement dans une dynamique internationale. Notamment, le nombre de projets européens obtenus par les CRa reste structurellement trop faible.
    Certains de mes prédécesseurs ont déjà posé le constat que le nombre de CRa était trop important pour un territoire aussi restreint que celui de la Wallonie et qu’une rationalisation du paysage des centres était nécessaire.

    C’est pourquoi un travail de structuration des centres a été effectué sous les quatre précédentes législatures :
    * Législature 2004 - 2009 :
    - Création d’une cellule de coordination des CRa, dénommée ACCORD-Wallonie (financée via le FSE) ;
    - Mise en place de plateformes thématiques : 7 plateformes ont été mises en place ;
    - Fusions ou associations fortes encouragées : une seule association forte a réellement été mise en place (EMRA regroupant le CRIBC et l’INISMa).
    * Législature 2009 – 2014 :
    - Remplacement de l’ASBL Accord-Wallonie par Waltech ;
    - Création d’Instituts : les centres devaient se regrouper en maximum 10 instituts. Seuls les instituts auraient désormais dû être agréés (modification du décret en ce sens) ; la mesure n’a jamais véritablement été mise en œuvre et a été abandonnée ensuite.
    *Législature 2014 – 2017 :
    - Rationalisation des aides exclusivement réservées aux CRa avec la suppression du programme de Recherche collective et des guidances technologiques et l’exclusion des CRa des appels réservés aux universités ;
    - Priorité donnée aux projets en collaboration avec des industriels (CWALity, pôles de compétitivité, projets de collaboration européenne ERA-NET,…).
    *Législature 2017 – 2019 :
    - Mise en œuvre d’une nouvelle procédure d’agrément via un audit des CRa par un auditeur externe et la tenue d’une Commission d’agrément (2018 à 2020).
    Néanmoins, les politiques décrites ci-avant n’ont pas véritablement abouti à une réforme globale du paysage des CRa. De manière générale, l’expérience de la fusion récente du CRM et du CEWAC a prouvé que le rapprochement entre plusieurs CRa était possible et efficace. Mais cela ne pourra se réaliser que si les parties prenantes tirent avantage de la situation, dans une approche Win-Win.
    On peut également faire les constats suivants :
    - Le monde politique a une marge de manœuvre directe relativement restreinte sur la politique des CRa. Il faut savoir que ces structures sont des ASBL privées au service du monde des entreprises. Ainsi, les conseils d’administration (CA) des centres sont constitués en grande partie de représentants d’entreprises ou de fédérations. Ce sont les entreprises ou les fédérations d’entreprises qui décident de l’orientation stratégique des CRa. Le monde politique n’est d’ailleurs que très peu représenté dans les CA des CRa.
    - Si l’intervention régionale (via des subventions régionales ou FEDER) est importante pour la survie de certains centres (notamment ceux issus des précédentes programmations FEDER), elle ne dépasse presque jamais 50 % des rentrées du CRa. Cette dépendance aux subsides wallons et FEDER de 50 % est d’ailleurs la limite à ne pas dépasser pour garder son agrément.
    Il faut également savoir que cette intervention régionale se distille uniquement via le financement de projets de recherche évalués par les organes régionaux. Les centres de recherche wallons ne reçoivent donc pas de dotation publique ou de financement structurel. Contrairement aux centres de recherche des pays ou régions adjacentes (Flandre, Pays-Bas, Allemagne) qui sont soutenus via une dotation ou du financement structurel pouvant atteindre 25 % à 30 % de leurs revenus.
    - Récemment, la disparition du CoRI et la fusion du CRM et CEWAC relèvent plutôt de situations spécifiques et ne sont pas la conséquence directe des politiques régionales de rationalisation. Notamment, la fusion du CRM et du CEWAC est le fruit d’une volonté réelle des deux2 centres à s’associer dans une approche Win-Win ;
    - Les CRa wallons souffrent d’un réel manque de visibilité internationale. C’est non seulement dû à leur trop grand nombre (et à leur trop petite taille), mais également à l’absence d’une réelle marque d’excellence, à l’instar de ce qui se fait en Allemagne (Fraunhofers) ou aux Pays-Bas (TNO).

    Or, malgré les difficultés rencontrées, les CRa wallons ont constitué et constituent des outils indispensables pour le déploiement d’une politique ambitieuse.

    C’est pourquoi j’ai décidé de commanditer une large étude sur la question de la rationalisation du paysage des CRa en Wallonie. Celle-ci est actuellement à l’analyse au sein de mon cabinet, en collaboration avec mon Administration. Il sera notamment attendu de ces travaux des réponses aux questions suivantes :
    - Quelles sont les bonnes pratiques actuellement mises en œuvre chez nos voisins (benchmarking) ?
    - Quelle est l’analyse de la situation actuelle (AS IS) ?
    - Le cas échéant, quelles pistes d’améliorations peuvent être mises en place (TO BE) ?
    - Quels sont les moyens financiers à mettre en œuvre afin de mener une politique ambitieuse en la matière ?

    Les premiers résultats de cette étude sont attendus pour 2021. En fonction des conclusions, une concertation avec les parties prenantes sera évidemment organisée afin de mettre en place d’éventuelles pistes d’amélioration.

    Il est cependant important de noter que cette réforme demande réflexion et prudence, mais probablement aussi, des moyens financiers à l’image de la politique ambitieuse que nous souhaitons mener en la matière.