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Les populations d'animaux vivant près des cours d'eau

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 80 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 23/10/2020
    • de JANSSEN Nicolas
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    La biodiversité est en déclin, mais, comme le confirmait le récent rapport du WWF, les efforts portent leurs fruits. Cette même association se réjouissait au début de cette année après avoir mis en évidence (photo à l'appui) que quelques loutres étaient toujours bien présentes en Wallonie. Cet enthousiasme était toutefois relatif : alors que toutes les populations européennes sont en croissance, pourquoi l'espèce n'est-elle présente qu'en si faible nombre et en si peu d'endroits en Wallonie ?

    Parmi les hypothèses qui expliqueraient cela :
    - la consanguinité qui limite la croissance de population. Cela a été démontré pour d'autres espèces comme le loup en Scandinavie ;
    - le piégeage ou empoisonnement volontaire par des braconniers ou « involontaire » dans les cours d'eaux, notamment par le service public de Wallonie visant les rats musqués et les ratons laveurs.

    Le DEMNA a-t-il pu récolter et analyser du matériel génétique de l'espèce pour connaître son niveau de consanguinité ?

    Existe-t-il des statistiques relatives à la découverte de pièges illégaux pouvant nuire à la loutre ou à d'autres espèces comme le castor ?

    Les pièges utilisés par le SPW pour limiter les populations de rats musqués, de ragondins ou de ratons laveurs sont-ils létaux ? Comment s'assurer que ces pièges sont ultra-sélectifs et que des espèces indigènes protégées comme la loutre, le putois ou le castor ne sont pas tués ? Si ce sont des « life-traps », des individus meurent-ils noyés ?
    Quels impacts ont ces méthodes de neutralisation chimique sur d'autres espèces ? Comment s'assurer que seuls les rats musqués ingurgitent le poison et non pas d'autres espèces, notamment protégées ? Les rats musqués empoisonnés peuvent-ils, par exemple, devenir la proie d'autres espèces, qui seraient elles aussi empoisonnées, telles que des rapaces ou des mammifères ?

    Enfin, les poisons utilisés se dégradent-ils rapidement dans l'écosystème ou sont-ils rémanents ? A-t-on des données scientifiques à ce propos ?
  • Réponse du 10/12/2020
    • de TELLIER Céline
    Comme l’honorable membre le signale, la survie de la Loutre en Wallonie est une nouvelle positive, même si sa situation reste préoccupante. Le dernier rapport sur l’état de ses populations portant sur la période 2013-2018 a permis de confirmer sa présence dans trois bassins versants, à savoir ceux de l’Our, de l’Ourthe et de la Semois.

    Les facteurs expliquant la très forte régression de l’espèce sont le piégeage dont elle a fait l’objet jusqu’en 1965, la pollution et la destruction de son habitat. Sa protection légale et l’amélioration de la qualité de nos cours d’eau ont heureusement permis le maintien d’une population relictuelle.

    La dérive génétique à laquelle il fait allusion au vu du niveau de population actuel n’est qu’une hypothèse. Il serait délicat et compliqué d’envisager une étude génétique sur une espèce aussi fragile, localisée et aussi discrète.

    Des efforts importants ont été consacrés à l’amélioration de la qualité des masses d’eau naturelles, ainsi qu’à l’amélioration de leur continuité (enlèvement de freins à la libre circulation des poissons, reméandration, aménagement des ripisylves...).

    Le Service de piégeage des rats musqués du SPW utilise différents types de pièges pour limiter la population de rats musqués ou pour localement et sous le couvert d’une dérogation capturer des castors posant des problèmes de cohabitation.

    Outre les cages de capture, ce sont essentiellement des pièges létaux qui sont utilisés.
    Ces pièges sont conformes d’origine ou ont été modifiés afin de répondre aux normes internationales de piégeage sans cruauté.

    De surcroît, j’ai questionné le Conseil wallon du Bien-être animal sur les accessoires dont l’utilisation devrait être limitée ou interdite, pour des raisons de bien-être animal. La question des pièges fait partie de la réflexion en cours.

    Le choix des pièges, les modalités d’utilisation et de placement, la formation et l’expérience de cette équipe de piégeurs professionnels rendent très sélective cette lutte mécanique. À ce jour, aucun individu d’une espèce non ciblée, comme la loutre ou le castor, n’a été tué dans le cadre du piégeage spécifique de rats musqués.

    La lutte chimique n’est utilisée qu’en dernier ressort. Les produits biocides utilisés sont des anticoagulants agréés. Ceux-ci sont injectés dans un appât frais (carotte) selon les doses prescrites par le fabricant. L’utilisation d’un tel appât exclut des risques vis-à-vis de la loutre dont le régime alimentaire est principalement piscivore.

    Les modalités de mise en œuvre limitent très fortement le risque d’ingestion par une espèce non ciblée, tandis que le dosage utilisé limite le risque d’effet sur d’autres espèces d’un poids plus conséquent.

    Des études menées par le Centre wallon de recherche agronomique, à la demande de l’administration, montrent qu’il n’y a pas d’effets secondaires sur les éventuels prédateurs du rat musqué.

    L’impact sur l’environnement des biocides utilisés a été étudié lors du processus d’agrément. Le service de piégeage des rats musqués utilise des anticoagulants de première génération présentant une faible toxicité pour l’environnement.