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La prolifération des hannetons

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 90 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 27/10/2020
    • de LENZINI Mauro
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    En Région liégeoise, plusieurs habitants doivent faire face à la destruction de leur pelouse à cause de la présence de hannetons.

    Les hannetons sont des coléoptères inoffensifs pour l'homme. Les corvidés comme les blaireaux se nourrissent des larves de hannetons en retournant la terre, ce qui explique les dégâts occasionnés notamment aux pelouses des particuliers.

    Madame la Ministre peut-elle m'indiquer quelles sont les méthodes de lutte biologique ou chimique raisonnée pour éviter la prolifération des hannetons ?

    La situation est-elle ponctuelle ou voit-on une évolution de la prolifération de ces scarabées et des nuisances y afférentes ?

    Comment peut-elle expliquer cette évolution ?

    Est-ce que les sécheresses structurelles ainsi que les hivers doux provoqués par les changements climatiques sont en tout ou partie responsables de cette évolution ?
  • Réponse du 19/11/2020
    • de TELLIER Céline
    Il existe en Wallonie plusieurs espèces de hannetons de quatre genres différents (Melolontha, Aphodius, Rhizotrogus et Serica). Ces espèces ont été presque entièrement éradiquées dès les années » 60 à la suite de l’avènement d’insecticides dévastateurs, de l’augmentation de la pollution lumineuse et de la forte réduction des prairies permanentes, où vivent les larves de hannetons durant plusieurs années avant leur émergence au stade adulte.

    Consécutivement à ce déclin des hannetons, plusieurs prédateurs naturels spécifiques de ces insectes se sont raréfiés.

    Par exemple, des espèces de chauves-souris – telles que le grand rhinolophe, le grand murin ou la sérotine commune – qui se nourrissent abondamment de hannetons lors de leurs émergences ont subi un déclin très marqué. Ce déclin a vraisemblablement contribué à leur désignation comme espèces d’intérêt communautaire au regard de la Directive Habitats.

    L’interdiction des pesticides les plus dévastateurs a permis, depuis une vingtaine d’années, le lent redressement des populations de hannetons dans nos paysages. Cette évolution est probablement indépendante des changements climatiques. Il est heureux de constater que des zones herbeuses dans les jardins privés hébergent ces coléoptères et contribuent à compenser partiellement la perte de leurs habitats agricoles.

    Certaines espèces de hannetons se développent également dans les milieux forestiers. Les larves s’y nourrissent de radicelles de jeunes ligneux, et peuvent ainsi causer quelques dégâts aux jeunes plantations.

    À ce jour, un seul cas de dommage significatif concernant une jeune plantation de 50 ares a été rapporté. L’Observatoire Wallon de la Santé des Forêts garde un œil attentif sur ce phénomène naturel et n’a à ce jour pas noté d’évolutions importantes.

    Le rétablissement progressif des équilibres naturels entre ces insectes et leurs prédateurs devrait permettre d’éviter les proliférations de hannetons parfois constatées localement.

    Une des meilleures méthodes de lutte biologique consiste donc à encourager l’installation de colonies de chauves-souris dans les combles et greniers des villages où ces proliférations surviennent. Dans l’intervalle, les poules de la basse-cour pourront également consommer ces larves.