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L'avenir du site de Caterpillar

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 95 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 28/10/2020
    • de CLERSY Christophe
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Ce samedi 17 octobre dans les colonnes du journal L'Écho, le CEO d'Alstom faisait part d'un projet que sa société entendait développer sur le site de Caterpillar. Il déclarait : « J'ai demandé à y installer les activités de maintenance des trams de Charleroi pour une durée d'au moins 5 ans. Cela ne concernait qu'une partie du site bien sûr. Mais on m'a snobé pour donner la priorité à ces voitures électriques chinoises. On voit le résultat… » Qu'en est-il ?

    Ce projet a-t-il fait l'objet d'une analyse de la part des outils économiques wallons ? Quelle est l'analyse politique de Monsieur le Ministre ?

    Par ailleurs, le CEO de BSCA a évoqué une série de pistes de diversification des activités de BSCA. L'aéroport de Charleroi traverse une zone de turbulence pour le moins importante liée à la crise sanitaire, mais aussi à un business model qui ne semble plus en phase ni avec les impératifs climatiques, ni avec les contingences économiques.

    Dans le cadre de la diversification de ces activités, l'aéroport serait ainsi en discussion avec la Sabca et la SONACA pour développer une activité de démantèlement d'avions sur le site de Caterpillar. Quelles mesures ont été prises en lien avec IGRETEC et/ou la SOGEPA afin d'étudier cette autre piste de redéploiement pour l'ancien site de Caterpillar ?

    D'autre part, suite à l'annonce portant sur le projet Legoland, le Bourgmestre de Charleroi s'est également exprimé publiquement sur l'avenir du site de Caterpillar et a réaffirmé son souhait de voir une activité à vocation industrielle débarquer au nord de l'aéroport.

    Quelle est son analyse politique du dossier ?

    Des actions ont-elles été entreprises afin de se doter d'une grille d'analyse des différents projets ?

    Quels sont les critères mis en avant ?

    Enfin, pourrait-il me donner quelques informations quant à l'évolution de la levée de fonds que devait mener « Thunder Power » ?

    A-t-il des éléments complémentaires à ce sujet ?
  • Réponse du 19/11/2020
    • de BORSUS Willy
    Avant toute chose, je tiens à rappeler la complexité de reconvertir un site comme celui de Caterpillar. Les cas récents de fermeture de grands sites industriels d’une taille comparable à celle de Caterpillar Gosselies démontrent la difficulté d’identifier des repreneurs industriels et rares sont les exemples de succès :
    - le site d’Opel Anvers (100 ha localisés dans le port d’Anvers qui en est propriétaire) est laissé à l’abandon depuis 2011 et ambitionne aujourd’hui de devenir le nouveau lieu phare de l’économie circulaire ;
    - le site de Ford Genk (134 ha le long du canal Albert), propriété de la Région flamande depuis janvier 2015, vient d’être morcelé : une partie dédiée à la logistique (40 ha), une partie dédiée à l’industrie nautique (50ha) et le reste (44 ha) laissé vacant ou reconverti en zones vertes ;
    - le site d’Opel Bochum (95 ha) dans la Ruhr fermé en 2014 a été remis à neuf et loti (parcelles de 1 à 10 ha) avec une commercialisation débutant fin 2019 (mais la disponibilité de petites parcelles n’est pas critique à Charleroi (à la fin 2019, il y avait environ 35 ha de terrains disponibles répartis dans 9 zones d’activités économiques de Charleroi Métropole (source CATCH)), il reste plus de 20 ha de parcelles de petites et moyennes tailles disponibles dans les différentes zones d’activité économique, sans compter les terrains privés).

    Sur la base de ces constats, nous portons attention et analysons en détail tout projet crédible qui nous est soumis ou que nous identifions pour le site. Dans certains cas, nous proposons un autre site disponible dans la région si cela semble plus opportun compte tenu de la taille du projet.

    Les projets industriels ont bien entendu la faveur, mais force est de constater que se cantonner à ce critère ne permet pas de maximiser les chances de reconvertir le site. Nous devons donc ratisser plus large et c’est dans cette logique qu’un projet comme le développement d’un parc Legoland sur le site est actuellement à l’étude.

    Concernant les différents projets mentionnés :
    - le projet de développement d’un centre de maintenance de la flotte de trams de Charleroi par Alstom est une opportunité qui est apparue, en mai 2018, en même temps que la marque d’intérêt de Thunder Power, au moment où les premiers accords ont été conclus avec le groupe. Ces deux projets étaient incompatibles puisque les implantations demandées se chevauchaient et incluaient notamment la cabine de peinture laissée par Caterpillar. Il a donc été décidé de privilégier la piste Thunder Power qui semblait à l’époque présenter un impact davantage structurant pour le développement économique et social de la région (on parlait de 3,5 ans à l’époque pour une création de 30 emplois). D’autres sites dans la région de Charleroi ont par ailleurs été proposés pour le projet d’Alstom ;
    - au sein du Plan CATCH, la possibilité de développer un centre de maintenance et démantèlement avait été mentionnée au sein de l’axe « Airport & Logistics ». Aucun projet concret n’a néanmoins été formellement porté à ma connaissance. Je suis bien entendu disposé à analyser toutes les opportunités qui pourraient être identifiées par BSCA, la SABCA ou encore la SONACA. Il faut néanmoins rappeler que le secteur aéronautique est fortement touché par la crise sanitaire et que les investissements dans des projets de développement seront sans doute limités dans les prochaines années.

    Concernant Thunder Power, j’ai toujours rappelé, depuis le début, à quel point ce dossier était difficile. Cette difficulté s’est accentuée dans le contexte lié à la Covid : l’impossibilité de se déplacer, de rencontrer, de pouvoir organiser un certain nombre de réunions au départ de la Chine ou ici même avec des interlocuteurs chinois. D’autres retards sont à déplorer, notamment en ce qui concerne l’homologation, l’appel de fonds, ou bien la mise en œuvre de l’usine sœur à Hangzhou, par exemple.

    Comme l’honorable membre le sait, une étape cruciale concernant ce dossier tenait dans une levée de fonds importante qui était attendue courant du mois de septembre pour le déploiement de l’activité. Or, le Gouvernement wallon a pris connaissance du fait que cette levée de fonds sera reportée à mi-2021.

    Le 22 septembre dernier, Thunder Power a informé la SOGEPA qu’ils étaient désormais assistés par Citybank pour la levée de fonds et qu’ils y travaillent activement tout en indiquant eux-mêmes que si cela devait échouer, l’avenir du projet pourrait être très compromis.

    Les contacts sont réguliers avec la SOGEPA, qui apporte son support dans le processus de levée de fonds, et nous verrons dans les mois à venir quel en sera le résultat.