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Le soutien et l'accompagnement des chercheurs pour le dépôt de projets européens

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 101 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 28/10/2020
    • de SCHYNS Marie-Martine
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Le 8 octobre dernier, l'UWE accordait à La Libre Belgique un entretien sur les nécessaires transformations de notre économie wallonne. Cette interview est intéressante à plus d'un titre, mais je voudrais mettre ici le focus sur les aspects R&D.

    L'UWE préconise en effet une augmentation de la part publique de la R&D et une rationalisation de l'écosystème wallon d'innovation. Elle évoque aussi le fait que la Wallonie ne reçoit pas la part qu'elle est en droit d'attendre de l'Europe (et je cite) : « la Wallonie doit aussi être capable d'aller davantage chercher du financement au niveau de l'Europe. On doit aussi davantage se spécialiser en termes de R&D. C'est un travail qui est déjà en cours, mais qui doit aboutir ».

    Le débat sur le soutien financier aux universités et centres de recherche pour booster le nombre de projets déposés à l'Europe et leur qualité n'est pas neuf. En effet, les programmes européens sont très sélectifs et les universités flamandes bénéficient de plus de moyens financiers et font plus de lobby que les universités francophones au niveau des « work programs » de la Commission européenne. Il semblerait que ces bons résultats flamands viennent d'une meilleure préparation des universités flamandes pour répondre aux exigences des évaluateurs européens.

    L'objectif d'augmenter les chances de succès de nos équipes de recherche pour décrocher des Fonds européens a été souligné à trois reprises par le CESE Wallonie :
    - le rapport d'activités du « Pôle politique scientifique » du CESEW de 2019 identifie comme axe prioritaire « la mise en place d'une politique forte pour augmenter le nombre d'équipes wallonnes candidates dans les programmes de RDI européens et améliorer leur taux de succès » ;
    - en 2018 déjà, le même CESEW préconisait un soutien aux équipes de recherche pour qu'elles puissent atteindre les stades indispensables pour pouvoir participer aux programmes européens. Parmi les mesures recommandées figure l'accompagnement des chercheurs pour le montage des projets ;
    - quant au mémorandum de CESEW de 2019-2024, il encourage la Wallonie «à s'engager dans une démarche européenne (…) en développant une politique forte pour augmenter le nombre d'équipes wallonnes candidates et améliorer le taux de succès».

    À la veille de la nouvelle programmation européenne, cette question est d'autant plus d'actualité. Monsieur le Ministre l'aura compris, un certain nombre d'acteurs s'accordent à dire que l'un des enjeux cruciaux pour la Wallonie en matière de R&D pour 2020-2027 est d'augmenter notre taux de captation des Fonds européens : celui-ci est actuellement de 0,51 %, ce qui est inférieur à la part de la population wallonne dans la population européenne (0,71 %). La Région de Bruxelles-Capitale et la Région flamande ont, quant à elles, des taux de succès plus performants avec respectivement 0,71 % (pour une part de la population de 0,24 %) et 2,37 % (pour une part de la population de 1,27 % - pour ces chiffres, voir « Mémorandum 2019-2014 », CESEW, p. 44.)

    Les difficultés liées à l'obtention de projets européens concernent non seulement les aspects scientifiques (l'excellence de la recherche), mais aussi les aspects techniques et administratifs liés aux dossiers de candidature. Les procédures administratives et de sélection des projets européens peuvent décourager les porteurs de projets les plus motivés s'ils ne bénéficient pas d'un accompagnement approprié et s'ils ne sont pas bien préparés à la complexité des appels à projets.

    Dans ce contexte, l'accompagnement des chercheurs pour le montage de projets européens est une piste qu'il convient d'explorer et de développer. Nous ne partons pas de rien : dans le cadre de la mesure «Prime Horizon 2020», votre prédécesseur a mis en place un projet pilote « GoGetERC » dont bénéficie un département particulier (le GIGA - Le GIGA est l'institut de recherche interdisciplinaire en sciences biomédicales de l'Université de Liège) de l'Université de Liège.

    Ce projet vise à apporter un soutien spécifique pour le montage de projets en vue de l'obtention de bourses européennes ERC (« European Research Council Grant »). Ces bourses visent à promouvoir des projets d'excellence pour 5 ans et sont généralement dotées de 1,5 million d'euros. Rappelons qu'elles fournissent un financement attrayant à long terme pour aider d'excellents chercheurs et leurs équipes dans des domaines novateurs, à gain élevé et ou/ à haut risque pour conduire à des progrès aux frontières de la connaissance.

    Il me paraît pertinent d'évaluer ce projet pilote GoGetERC pour fonder une politique d'avenir et mettre tout en œuvre pour inciter les équipes universitaires, les centres de recherche et les entreprises wallonnes à intensifier leur participation aux projets européens.

    Qu'en est-il de l'évaluation du projet pilote GoGetERC? Les résultats escomptés ont-ils été atteints? Combien de projets ont-ils été déposés et combien de bourses ERC ont été engrangées par le département concerné de l'ULg pendant la période du projet-pilote? Quel est donc le taux de succès ?

    Ce projet-pilote concerne-t-il uniquement les bourses ERC ou bien a-t-il également soutenu les chercheurs pour l'obtention d'autres types de projets européens? Si d'autres types de projets ont été soutenus, quels ont été les résultats obtenus ?

    Quelles sont les leçons à tirer de ce projet-pilote? Les autres universités n'ont pas bénéficié de ce projet et ont néanmoins obtenu des bourses ERC : comparativement à ce qui a été obtenu par les autres universités, peut-on considérer que l'aide apportée par la Wallonie a eu un impact significatif pour l'obtention de bourses par le GIGA ?

    Lors de la création de ce projet, l'idée poursuivie était de faire une évaluation et de généraliser le projet pour en faire bénéficier l'ensemble des universités. Qu'en est-il ? L'expérience est-elle concluante et envisage-t-il de renouveler ce projet et de le généraliser au bénéfice de l'ensemble des universités? Envisage-t-il la création d'une cellule spécifique de « soutien au montage de projets européens » au service de toutes les universités et cette cellule pourra-t-elle compter sur le soutien financier de la Wallonie ?

    Le secteur qui a été soutenu via le GIGA est le domaine de la bio-santé. Même si c'est un secteur des plus importants (et particulièrement dans le cadre de la crise sanitaire actuelle), qu'envisage-t-il pour les autres domaines prioritaires de la Wallonie tels que notamment les matériaux, les TIC, les technologies environnementales, le spatial, l'intelligence artificielle?
  • Réponse du 20/11/2020
    • de BORSUS Willy
    Je renvoie l’honorable membre à la réponse que j’ai donnée ce 17 novembre en Commission du Parlement wallon à son interpellation sur le même sujet.