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Le rôle de la liaison THT Avelgem-Courcelles dans l'approvisionnement en électricité de la Wallonie en 2030 et au-delà

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 112 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 03/11/2020
    • de JANSSEN Nicolas
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    Le 13 juillet dernier, j'interrogeais Monsieur le Ministre sur une décision du 19 juin 2020 du Gouvernement néérlandais d'acheter une quantité de 8 TWh/an d'électricité d'origine éolienne au Danemark à destination des Pays-Bas pour un prix de 12,5 euros/MWh.

    Dans sa réponse, il indiquait qu'un achat de cette nature n'est pas adapté aux besoins d'approvisionnement de la Wallonie. Et il invoquait deux raisons principales, à savoir l'indépendance énergétique de la Wallonie et l'insignifiance de l'économie réalisée par un tel achat.

    Or, l'indépendance énergétique de la Wallonie est un concept ambigu dans un cadre d'énergies renouvelables. Et l'économie annuelle pour les consommateurs résultant d'un achat du type Pays-Bas-Danemark est de 52,5 M d'euros par TWh importé, si l'on considère que l'économie par MWh importé est la différence entre le tarif certificat vert (65 euros) et le prix d'achat (12,5 euros), soit 52,5 euros/MWh.

    Récemment, la société Elia a lancé publiquement un processus administratif en vue d'obtenir le permis de construction et d'exploitation d'une ligne THT 380 KV entre Avelgem et Courcelles (Boucle du Hainaut). Cette ligne permettrait, à partir de 2028, de disposer d'une puissance de 6 GW au poste de transformation de Courcelles, soit l'équivalent de 5 centrales nucléaires. Utilisée avec un taux de charge de 70 % (ce qui est économiquement souhaitable), cette ligne permettrait donc au poste de Courcelles d'injecter dans le réseau wallon, en tout ou en partie, environ 35 TWh d'énergie électrique par an, soit une fois et demie la totalité de la consommation électrique de la Wallonie en 2018.

    Les informations écrites fournies au sujet de la « Boucle du Hainaut » par Elia indiquent que cette installation permettra une « transition énergétique réussie dans un monde durable ». Elia précise que la Boucle sera « un système durable grâce à l'intégration des énergies renouvelables exploitant pleinement le potentiel national complété par la production de renouvelable étrangère importée grâce à des interconnexions supplémentaires ».

    La « Boucle du Hainaut » est donc un élément majeur dans le dispositif d'approvisionnement en électricité de la Wallonie à partir de 2028. Cet approvisionnement se fera sous forme d'importation massive d'électricité, principalement renouvelable, d'origine « nationale » et « étrangère ».

    Afin de me permettre de fixer au mieux le contexte énergétique à venir, Monsieur le Ministre peut-il m'indiquer les données suivantes :
    - la consommation totale d'énergie électrique prévue en Wallonie en 2030
    - la composition du mix énergétique de la production d'électricité wallonne en 2030, en ce compris les importations de toutes origines (on suppose le scénario « zéro nucléaire » d'application).
     
    La capacité de la « Boucle du Hainaut » étant supérieure à la consommation wallonne, peut-il m'indiquer quelle est la part de l'énergie transportée qui sera, d'après ses estimations, injectées dans le réseau wallon, le surplus étant réexporté par Elia ?
     
    Lors de sa réponse à ma question du 13 juillet dernier, pour laquelle je le remercie encore, il n'a pas fait référence à la « Boucle du Hainaut ». Ne pense-t-il pourtant pas que sa mise en œuvre change considérablement les hypothèses à prendre en considération pour définir notre mix énergétique futur ?

    La « Boucle du Hainaut » étant conçue principalement pour importer de l'énergie renouvelable à Courcelles, ne pense-t-il toujours pas que l'achat d'électricité renouvelable au prix de 12,5 euros/MWh (comme le fait le Gouvernement NL) serait adapté aux besoins des consommateurs wallons ? Sinon, pourquoi ?
  • Réponse du 26/01/2021
    • de HENRY Philippe
    Comme j’ai pu l’expliquer le 13 juillet en réponse à la question de l’honorable membre, le mécanisme mis en place entre les Pays-Bas et le Danemark ne porte que sur un transfert de statistiques destiné à remplir une obligation européenne en atteignant facilement l'objectif 2020. Pour ce faire, ils ont utilisé un des mécanismes coopération mis en place par la directive de 2009/28, et prolongés par la directive 2018/2001, afin de permettre l'atteinte collective de l’objectif de 20 % de renouvelable de la consommation finale brute européenne fixé pour l'horizon 2020.

    Autrement dit, le Gouvernement hollandais n’a pas acheté 8 TWh d’électricité verte au Danemark pour 12,5 euros/MWh. Il a acheté un transfert statistique de 8 TWh d’énergie renouvelable provenant du Danemark afin de répondre à leur obligation de quota européen. Le prix payé, et j’insiste, n’inclut donc pas l’énergie. Il inclut uniquement le droit de compter cette énergie dans le quota hollandais. Cette dépense a pour seul objectif d’éviter des amendes européennes encore plus lourdes et ce, au détriment d’investissements en énergie renouvelable aux Pays-Bas.

    Concernant le contexte énergétique, selon les hypothèses du PWEC approuvé fin 2019, la consommation finale d’électricité (hors autoconsommation des centrales et pertes) prévue en 2030 s’élèvera à 24.5 TWh (soit une légère croissance par rapport à 2018). Toujours selon les mêmes hypothèses, la composition du mix énergétique de la production d’électricité wallonne en 2030 sera de 10 TWh (soit 37 % de la consommation finale brute d’électricité) d’électricité renouvelable, de 15.3 TWh d’électricité produite à partir de gaz naturel et de 1.6 TWh d’importations.

    Par rapport au projet « Boucle du Hainaut », la liaison entre les postes d’Avelgem en Flandre occidentale et de Courcelles dans le Hainaut, de compétence fédérale, il est utile de préciser les éléments suivants :

    Premièrement, Elia constate un déplacement des productions du Centre-Est vers le Centre-Ouest du pays, notamment avec la sortie prévue du nucléaire et le développement de l’éolien en mer du Nord, tous deux confirmés par le nouveau Gouvernement fédéral. Or, à l’heure actuelle, l’Ouest et le Centre du pays ne sont reliés que par la liaison 380 kV entre Avelgem et Mercator (à Anvers), via le poste de Horta (à Zomergem). Cependant, les projections réalisées par Elia indiquent que cette liaison atteindra prochainement sa limite suite à l’intensification des échanges internationaux et à la volatilité croissante des flux intermittents provenant de l’intégration massive des énergies renouvelables.

    Ensuite, Elia s’attend à une importation accrue depuis la France et le Royaume-Uni au fil de la sortie du nucléaire.

    Enfin, Elia projette que les consommations de pointe qui étaient de 13.1 GW dont 3.7 GW pour la Wallonie en 2019, devraient être respectivement de 13.4 GW pour le pays dont 4 GW en Wallonie. Or ces chiffres ne tiennent pas encore en compte de l’augmentation de l’électrification prévue à terme, soit l’électrification de l’industrie, la mobilité électrique, les chauffages de type pompes à chaleur, et cetera. Dès lors ces tendances longs termes devront certainement encore être revues à la hausse par la suite.

    Dès lors, à l’instar d’autres infrastructures de transport d’électricité, les liaisons « Boucle du Hainaut » et Mercator-Horta ont donc pour objectif d’approvisionner l’ensemble de la Belgique, dont la Wallonie et le Hainaut, dans un réseau maillé garantissant la capacité de transport nécessaire afin de permettre la livraison de l’électricité aux entreprises et aux ménages lorsqu’elles en auront besoin.