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La chaîne de valeur de la pomme de terre

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 113 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 13/11/2020
    • de HARDY Maxime
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Avec 2,6 millions de tonnes en 2019, la Belgique est le plus gros exportateur de pommes de terre surgelées au monde. Elle représente plus de 4 000 emplois sur le territoire national. Et des perspectives de développement existent.

    En 2019, la production belge de pommes de terre a ainsi enregistré une hausse de 33,3 % par rapport à 2018, due à l'augmentation de la superficie et du rendement. La culture couvre 43 500 hectares en Région wallonne, et près de 100 000 hectares dans tout le pays.

    Cette chaîne de la pomme de terre, comme beaucoup d'autres, se compose d'un ensemble de maillons : de la production, au stockage en passant par la transformation. Or, la valeur ajoutée que prend le produit final à chacune de ces étapes n'est pas répartie également entre chacune d'entre elles. Ainsi, il semblerait que la valeur ajoutée de la pomme de terre surgelée augmente considérablement dans sa phase de transformation.

    Est-ce que Monsieur le Ministre dispose-t-il de données permettant de déterminer quelles sont les marges de gain des différents maillons de la chaîne ?

    Plus largement, est-ce qu'il existe une analyse approfondie de la chaîne de valeur de la pomme de terre et de sa commercialisation ?
  • Réponse du 01/12/2020
    • de BORSUS Willy
    La chaine de la pomme de terre débute, pour partie, par la location annuelle (pour plus de la moitié des superficies de pommes de terre – estimation Fiwap) de parcelles par l’agriculteur qui loue au patatier. Avec la perte de valeur de la betterave sucrière et des céréales ces dernières années, cette valeur est plus élevée que n’importe quelle marge brute des grandes cultures pratiquées en Wallonie.

    Pour le patatier, le coût de production de la pomme de terre industrielle (produite sans irrigation et stockée en vrac dans des hangars non réfrigérés), qui représente plus de 90 % des surfaces en Wallonie, varie entre 4 000 et 5 000 euros/ha sortie champ, et entre 1 500 à 2 000 euros/ha de coûts de conservation (selon la durée de stockage), le coût total de production et de conservation est donc aujourd’hui de l’ordre de 5 500 à 7 000 euros/ha, soit un prix de revient de l’ordre de 13,1 à 15,6 euros/tonne (pour un rendement moyen net payé de 45 t/ha – source : Fiwap).

    Ces 5 dernières années (source Fiwap), la production belge de Bintje et de Fontane (les 2 principales variétés) a été en moyenne valorisée entre 70,00 et 160,00 euros/tonne selon les années, soit une recette brute variant selon les années entre 3 500 euros/ha (Bintje récolte 2017) et 7 000 euros/ha (Fontane en 2015). La marge brute fluctue ainsi très largement selon l’année et la variété. En moyenne sur les 5 dernières années, cette marge brute est correctement positive pour Fontane (de l’ordre de 500 euros/ha), et elle est négative pour Bintje. Pour les 2 variétés, la tendance est clairement à la baisse. Il est à noter que ces calculs ne tiennent pas compte des éventuels dédits que les producteurs ont dû payer en 2018 s’ils ne sont pas arrivés à honorer leurs contrats de livraison par manque de rendement.

    Dans tous les cas, il s’agit de moyennes qui cachent d’énormes disparités entre situations. Le secteur de la pomme de terre estime que cette production est devenue, en quelques années, une culture à haut risque financier, et à rentabilité moyenne. Tous ces chiffres et constats n’intègrent pas la forte hausse des coûts des traitements antigerminatifs (estimée à plus 700 euros/ha) due à la suppression du CIPC à partir de 2020.

    La chaine se poursuit avec le négoce intermédiaire, qui dégage de faibles marges compte tenu de l’approvisionnement direct de plus en plus important des usines auprès des producteurs. Le nombre de négociants intermédiaires décroît depuis plusieurs décennies. Une étude récente du SPF Economie indique pour le commerce de gros de pommes de terre une marge nette d’exploitation de 1,9 % en moyenne sur la période 2010 – 2018, et une marge de l’entreprise de 1,0 % en moyenne sur la même période.

    Pour les entreprises de fabrication de préparations surgelées à base de pommes de terre, cette même étude récente du SPF Economie indique une marge nette d’exploitation de 3,8 % en moyenne sur la période 2010 – 2018, et une marge de l’entreprise de 2,8 % en moyenne sur la même période. Ces marges sont donc ténues, l’industrie belge de la pomme de terre ayant construit son développement sur la progression continue des volumes plutôt que sur la valeur. De plus, ce secteur est particulièrement impacté par la crise de la Covid-19 actuelle à cause des fermetures de l’horeca, l’annulation des festivals et des grands évènements et la baisse des exportations de produits transformés.