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Le développement de fûts et foudres en Wallonie

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 114 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 13/11/2020
    • de ANTOINE André
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Voici 15 jours dans ce même Parlement, nous avions le plaisir d'évoquer la réussite et les difficultés rencontrées par le secteur vinicole wallon.

    Reconnaissons qu'aujourd'hui le vin wallon suscite des vocations nouvelles y compris surprenantes autour de la divine bouteille. Des métiers inédits apparaissent, des entreprises originales se créent et se développent. Ainsi la réalisation de premiers fûts en chêne belges et surtout wallons avec le lancement de Barwal.

    Cette entreprise herbignone met au service des vignerons belges et luxembourgeois des produits de qualité, en circuit court, en provenance des plus belles forêts wallonnes. Selon les initiateurs de cet intéressant projet, ils valorisent le bois de chêne belge de qualité merrain en produisant des fûts et des foudres à destination non seulement des vignerons, mais aussi des brasseurs et des distillateurs.

    Avec 3 ans de séchage avant d'utiliser le bois et la difficulté de retrouver le savoir-faire évanoui de tonnelier, la démarche entrepreneuriale n'est pas simple et mérite pourtant d'être soutenue par les autorités wallonnes. Quelles offres de formation autour de la production vinicole aujourd'hui nos centres de formation comme l'IFAPME proposent-ils  ?

    Quels incitants financiers peuvent solliciter les nouveaux entrepreneurs de vin en Wallonie  ?

    Avec quel type de promotion de leurs productions ?
  • Réponse du 02/12/2020
    • de BORSUS Willy
    Comme l’honorable membre le sait, le bois utilisé pour la fabrication des fûts est le chêne. Tous les chênes ne sont cependant pas de qualité dite « merrain ». Il faut en effet des culées droites, sans nœud, sans trop d’aubier, à grain fin. Il ne faut pas obligatoirement de bois de gros diamètre.

    À titre d’exemple, la consommation de chêne par les tonneliers français est de l’ordre de 200 à 300 000 m³ par an. Ces derniers peinent effectivement à trouver les quantités nécessaires dans les qualités voulues et ils en importent de Belgique, notamment.

    La Wallonie ne produit pas (encore) de fûts, mais certaines initiatives voient le jour. Ainsi, l’Office économique wallon du bois a pris contact avec des investisseurs potentiels afin de déterminer si la ressource locale en chêne permettrait la production de fûts et à quel prix.

    La société Barwal qu’il évoque est la première entreprise wallonne qui se lance dans cette filière. Elle vient de produire ses premiers fûts en chêne wallon chez un producteur champenois. Elle envisage de développer une production locale. Le lancement de Barwal avec ses premiers fûts et foudres en chêne wallons est un bel exemple des métiers qui se développent autour de la production du vin avec un ancrage local.

    L'objectif pour une maison de production de vin est d'obtenir une certaine forme de signature par des assemblages. Les échanges entre les tanins du bois et le vin lors du passage en fût de chêne sont donc également importants dans cette élaboration. Les caractéristiques du bois recherché doivent donc présenter des similarités, c'est pourquoi les producteurs attachent de l'importance aux zones de provenances du bois.

    La Wallonie est caractérisée par une grande diversité de terroirs de petites surfaces. Certaines technologies permettent maintenant de classer les douelles (composant les fûts) de manière automatisée en fonction de la quantité en tannins. Cela pourrait éventuellement permettre à un fabricant de fûts de varier les provenances tout en veillant à maintenir constants les apports tanniques du chêne.

    Il apparaît clairement que les chênes de certaines régions de Wallonie se prêtent à la production de fûts : régions de Philippeville, de Rochefort, de la forêt d’Anlier et du sud de la Province de Luxembourg.

    À propos des formations, je lui confirme que l’IFAPME organise un programme de formation de Chef d’Entreprise A89 « vitiviniculteur ». Cette formation est organisée dans deux centres IFAPME (Perwez et Villers-le-Bouillet) depuis 2018-2019.

    Cette formation en alternance de niveau supérieur (cf. brevet technique supérieur agricole BTSA français) est sur 2 années. Un stage est obligatoire : convention de stage ou formation pratique en entreprise de deux fois 250 heures.

    Le cursus (656 heures de cours professionnels plus la gestion de base) est sanctionné par un travail de fin d’études que viennent de défendre les premiers apprenants IFAPME qui seront diplômés chef d’entreprise vitiviniculteur.

    Cette professionnalisation du métier ne peut que déboucher sur la construction d’une image forte de notre viticulture wallonne offrant de surcroît de nouvelles perspectives à l'économie touristique grâce à l'œnotourisme.

    Le secteur est d’ailleurs en demande de formation ciblée et pointue.

    Depuis la rentrée de septembre 2020, le centre IFAPME de Perwez propose également une formation d’ouvrier viticole en une année visant à répondre à la demande de main-d’œuvre qualifiée liée au nombre toujours plus croissant de pieds de vigne aujourd’hui plantés en Wallonie.

    Depuis 2018, le centre IFAPME de Perwez propose une offre de conférences et de formations courtes théoriques et pratiques sur des thématiques précises :
    - choix - intérêt et expression des cépages en Belgique - Plantations des vignes (2018) ;
    - vin de fruits, spécificités, particularités wallonnes (2019) ;
    - le concept de terroir et la place du sol en Belgique (2019) ;
    - les changements climatiques et la viticulture en Belgique (2019) ;
    - la Tonnelier de Champagne-Ardenne, l’influence du tanin naturel sur le vin (2019).

    Le Centre IFAPME de Villers propose deux perfectionnements en 2020 :
    - connaissance des vins ;
    - caviste négociant.

    Un nouveau programme de formation continue est en préparation pour 2021 :
    - pourquoi boit-on du vin ?
    - faut-il faire confiance aux experts ?
    - utilisation des engrais verts en viticulture : théorie et mise en pratique dans le vignoble didactique du centre IFAPME de Perwez ;
    - la filtration et la co-inoculation ;
    - les accises dans le domaine viticole ;
    - marketing et commercialisation du vin wallon ;
    - gîtes et chambres d’hôtes et œnotourisme, développement en Wallonie.

    Une des principales difficultés rencontrées par le secteur vitivinicole wallon est le manque de partenaires techniques et scientifiques qui pourraient soutenir, conseiller et guider les candidats à la création d’activité. Assurément, l’expertise wallonne en vitiviniculture continue à se construire.

    Le Centre IFAPME de Perwez a d’ailleurs établi une collaboration avec la société Barwal pour l’élaboration de travaux pratiques et expérimenté la vinification en fûts de chêne.

    Pour l’histoire, Michel Schoonbroodt, propriétaire et créateur de la coopérative Vin du Pays de Hervé, est le premier viticulteur wallon à avoir acheté des fûts à cette société Barwal.

    Monsieur Schoonbroodt fait partie des premiers vitiviniculteurs diplômés en 2020 par le centre IFAPME de Perwez. Il a planté ses premiers pieds voici 4 ou 5 ans. Aujourd’hui son vignoble fait 8 hectares de vignes (plus de 40 000 pieds) ; la coopérative a construit un chai dans lequel sont en train de fermenter les premiers 5 000 litres de jus issus des vendanges réalisées en septembre 2020.

    Quant à la promotion de l’activité viticole, outre l’action importante de l’Association des Vignerons wallons que je souhaite ici souligner, celle-ci est supervisée par l'APAQ-W. L’Agence organise aussi le Week-end découverte des Vignobles, Brasseries et Distilleries depuis 2017. Cette année, la crise sanitaire a effectivement empêché l’action de terrain. Mais, celle-ci est remplacée par une campagne de communication digitale dénommée « Trinquons local » qui sera diffusée via l’ensemble des réseaux sociaux, la presse écrite et un site internet dédié à la campagne.

    Un concours permettra au public de gagner des colis de vins locaux. Des chroniques présentant des opérateurs seront aussi diffusées sur les ondes de BelRTL et Nostalgie. Cerise sur le gâteau, chaque vigneron, brasseur, distillateur membre de l’APAQ-W bénéficiera d’une capsule de présentation de son établissement et de ses produits animés par les deux ambassadeurs de produits locaux Sandrine Dans et Eric Boschman qui seront diffusées via les mêmes canaux. 6 films promotionnels pour lancer la campagne ont également été réalisés avec les Ambassadeurs pour chaque thématique : vins, alcools, cidres, bières, et cetera.

    Cette campagne se déroulera du 15 novembre au 15 décembre 2020 afin d’inciter le public à acquérir des boissons locales pour les fêtes de fin d’année. Nous comptons perpétuer cette action en 2021.