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L'avancée des travaux du groupe "Castration" du collège de producteurs porcins en Wallonie

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 109 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 13/11/2020
    • de MATHIEUX Françoise
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    En 2016, la Wallonie comptait 551 éleveurs de porcs. L'élevage de porcs – et notamment la race des piétrains belges de race pure – est un patrimoine wallon incomparable que nous devons préserver. Depuis de nombreuses années, un débat concernant la castration des porcs mâles agite le secteur. Pour rappel, au départ, il s'agissait d'une castration à vif des jeunes mâles afin d'éviter qu'une légère odeur – dite « odeur de verrat » - ne se dégage à la cuisson. Rappelons également que ce problème ne concerne qu'une minorité de porcs.

    Cette pratique barbare pose question, mais n'est – si mes informations sont correctes – pas encore interdite. Il s'agit de trouver une juste mesure entre le bien-être des animaux et le problème économique et technique que peut poser ce désagrément. Au 1er janvier 2018, le texte d'intention « Déclaration de Bruxelles sur les alternatives à la castration chirurgicale des porcs » émanait du secteur européen de l'élevage porcin avec le soutien de la Commission européenne.

    Dans la foulée, votre prédécesseur demandait au Collège de producteurs porcins en Wallonie de mettre sur pied le groupe de travail « Castration » pour tenter de trouver une solution acceptable pour tous à cette problématique. Vente de porcs entiers, vaccin, anesthésie, élimination ou diminution de l'odeur par l'alimentation, sélection génétique… Autant d'alternatives qui sont à l'étude.

    Madame la Ministre peut-elle faire le point sur l'avancée des travaux de ce groupe  ?

    Quelle est sa position en la matière  ?

    Quels sont les objectifs de ce groupe de travail et selon quel échéancier  ?
  • Réponse du 17/12/2020
    • de TELLIER Céline
    Le groupe de travail « Castration » du secteur porc du Collège des producteurs se réunit régulièrement depuis l’automne 2016, afin de concerter l’ensemble du secteur sur cette question importante liée au bien-être animal. Ce groupe de travail rassemble les acteurs du secteur, des scientifiques et l’administration en vue d’obtenir des avancées dans ce domaine. Il s’appuie également sur un réseau d’experts européens auquel participe activement le Collège des producteurs.

    Deux axes de travail ont été définis afin de mettre en place des pratiques plus respectueuses du bien-être des porcs : d’une part, la possibilité d’élevage de mâles entiers et, d’autre part, la gestion effective de la douleur lorsque la castration est nécessaire.

    En effet, l’élevage de mâles entiers ne permet pas de répondre aux enjeux de qualité de viande pour la production de porcs lourds qui caractérise une partie des éleveurs en Wallonie. Ces porcs lourds sont plus âgés, donc plus matures sexuellement, et se caractérisent par une viande plus grasse : deux facteurs de risques supplémentaires pour l’odeur de verrat.

    De plus, cette filière de porcs lourds exige une viande persillée avec une qualité de gras permettant la fabrication de salaisons à valeur ajoutée, appréciées par leurs consommateurs, ce que la viande de mâles entiers, plus maigre et plus sèche, ne permet pas.

    Pour cette partie des éleveurs wallons, les travaux se concentrent donc sur la gestion de la douleur par l’utilisation d’analgésique et/ou d’anesthésique, ce qui est déjà obligatoire en Wallonie, mais uniquement dans certaines filières, comme la production biologique ou certaines productions en qualité différenciée.

    Une solution envisagée serait de permettre la réalisation de l’anesthésie locale par les éleveurs, comme cela se fait en Suisse, au Danemark, aux Pays-Bas ou encore en Allemagne moyennant une solide formation. J’ai chargé l’administration wallonne d’examiner cette possibilité avec les autorités compétentes.

    En parallèle, des essais encadrés au sein des élevages wallons ont montré l’intérêt des éleveurs de porcs lourds pour avancer sur la mise en place de l’anesthésie au sein de leurs fermes.

    Pour ce qui concerne l’élevage de mâles entiers, les principaux enjeux de réussite sont le bien-être animal, la gestion de l’élevage, la réduction du risque d’odeur et la détection de celle-ci sur la chaîne d’abattage, ainsi que la qualité de la viande obtenue. Le groupe de travail a conduit à la mise sur pied du projet NOWALLODOR qui vise à sélectionner des porcs de race piétrain belge, à faible risque d’odeur de verrat, ainsi qu’à celle du projet TaintStopPlus dont l’objectif est de contribuer à réduire l’odeur via l’alimentation du porc, avec des matières premières naturelles comme la chicorée.

    Ce sont deux projets complémentaires qui rassemblent des chercheurs et acteurs techniques de plusieurs organismes wallons. Les recherches sont actuellement en cours, mais le travail sur la génétique nécessite du temps.

    La question de la castration des porcelets est importante. L'évolution des pratiques des éleveurs doit faire l'objet d'une concertation et d'un accompagnement. À ce titre, je salue le travail du Collège des producteurs en ce sens, et mon Cabinet est d'ailleurs en contact avec ce dernier afin d'examiner les leviers d'action à notre disposition.