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La situation des personnes sans-abri et des personnes sans chez-soi en Wallonie

  • Session : 2024-2025
  • Année : 2025
  • N° : 293 (2024-2025) 1

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  • Question écrite du 11/04/2025
    • de GRECO Isabella
    • à COPPIETERS Yves, Ministre de la Santé, de l'Environnement, des Solidarités et de l'Economie sociale
    Les derniers chiffres publiés par l'UCLouvain et relayés dans la presse sont interpellants, pour ne pas dire alarmants : près de 19 400 personnes sont aujourd'hui sans logement stable en Wallonie. Parmi elles, plus de 5 200 enfants. Un tiers des personnes concernées sont des femmes, souvent invisibles, souvent accompagnées d'enfants.

    Et pourtant, on continue trop souvent à résumer le sans-abrisme à l'image du dormeur en rue. Mais cette réalité-là ne représente qu'une toute petite partie du phénomène (à peine 5 %). La grande majorité des personnes sans chez soi vit dans l'urgence, dans des hébergements précaires, chez des proches, ou dans des logements menacés d'expulsion. Bref, une précarité silencieuse, mais tout aussi destructrice.

    Face à ce constat, M. le Ministre a annoncé la poursuite du dispositif Housing First, et une enveloppe supplémentaire de 800 000 euros pour les relais sociaux. Mais sur le terrain, les acteurs nous disent leur épuisement, leur manque de moyens, et parfois même leur impuissance à faire face à l'ampleur de la demande.

    Quels enseignements M. le Ministre tire-t-il de cette nouvelle photographie du sans-abrisme en Wallonie ?

    A-t-il identifié des tendances préoccupantes ou des évolutions particulières ?

    Quelles sont les pistes concrètes qu'il envisage pour mieux prévenir les situations de rupture de logement, avant qu'elles ne basculent dans l'urgence ?

    On parle ici de plus de 5 000 enfants concernés. Quelles actions spécifiques le Gouvernement wallon met-il en place pour protéger ces enfants et leurs familles ?

    Comment s'organise la concertation avec la ministre en charge de la Petite enfance en Fédération Wallonie-Bruxelles ?

    Les relais sociaux et les structures d'hébergement d'urgence sont saturés, notamment à Charleroi, Namur ou Verviers. M. le Ministre envisage-t-il un renforcement structurel de ces dispositifs ?

    Et enfin, la Belgique s'est engagée, via la Déclaration de Lisbonne, à mettre fin au sans-abrisme d'ici 2030.

    M. le Ministre dispose-t-il d'une feuille de route wallonne claire et chiffrée, avec des étapes et des objectifs mesurables à court et moyen terme ?
  • Réponse du 12/05/2025
    • de COPPIETERS Yves
    Le sans-abrisme constitue une forme extrême d’exclusion qui entraîne des conséquences dévastatrices sur la santé, le bien-être et l’espérance de vie des personnes touchées, ainsi que sur leur accès à l’emploi et aux services économiques et sociaux. C’est pourquoi les moyens consacrés par la Wallonie à la lutte contre le sans-abrisme et l’absence de chez soi sont importants. Je souhaite rappeler, à titre d’exemple, qu’un budget exceptionnel de 34 150 000 euros y a été mobilisé dans le cadre des expériences pilotes dites « territoires zéro sans-abrisme » toujours en cours d’opérationnalisation.

    En outre, les résultats obtenus par les 13 dispositifs « Housing First » wallons sont très encourageants et je continue à soutenir le travail, parfois difficile, accompli par le secteur. L’État des lieux du « Housing First », réalisé par l’Observatoire wallon du sans-abrisme (OWSA), donne un très bon aperçu des succès remportés par ces dispositifs ; cet état des lieux a d’ailleurs été publié sur le portail de l’action sociale.

    Pour les questions liées aux aspects budgétaires, je confirme que le projet 233 du Plan de relance de la Wallonie est bien reconduit en 2025 pour les relais sociaux urbains et intercommunaux ainsi que pour les 4 associations de promotion du logement concernées par ce projet. Cette bonne nouvelle permet de prendre en compte les subventions facultatives liées aux chargés de projets, aux travailleurs liés à l’appel à projets primo-arrivants en rue et au renfort des coordinations générales. Les montants de ces subventions globalisées seront similaires à ceux de 2024. Cela a été confirmé aux associations de promotion du logement ainsi qu’aux relais sociaux en date du 1er avril 2025.

    Notre volonté, en accord avec la Déclaration de politique régionale, est de poursuivre le soutien aux dispositifs de solidarité – comme le programme « Housing First » – qui sont cruciaux pour promouvoir une société plus inclusive.

    Par ailleurs, chiffrer le phénomène du sans-abrisme est nécessaire si l’on veut le combattre au mieux. Un recensement permet d’en mesurer l’ampleur, d’en analyser les évolutions, et de connaître le profil des personnes concernées. C’est la raison pour laquelle, la Wallonie finance des dénombrements qui lui permettent, après analyse, de poser des choix stratégiques et d’opérationnaliser des mesures concrètes qui assurent tant la gestion des situations d’urgence sociale que la prévention, en vue d’éviter la survenance du sans-abrisme ou de l’absence de chez soi.

    Je ne vais pas, ici, analyser avec l’honorable membre le détail des résultats des derniers dénombrements effectués sur les arrondissements de Namur, Verviers et Charleroi. Ceux-ci sont accessibles sur le portail du SPW Action sociale, plus précisément dans l’item consacré à l’OWSA ou sur YouTube.

    Je tiens néanmoins à préciser que j’attache une importance particulière aux difficultés de santé et de santé mentale (17,2 %) en lien avec cette grande précarité, mais également aux sorties d’institutions (dont les institutions psychiatriques) qui parfois aboutissent à la vie en rue, ou encore à la prévention des expulsions, et cetera.

    En outre, certains publics fragilisés doivent bien sûr bénéficier d’une attention particulière : les femmes, les enfants, les jeunes et les familles monoparentales entre autres.

    À cet égard, il est évident que la collaboration avec tous les acteurs concernés est indispensable. Elle est assurée et prend place, par exemple, au sein du comité de concertation de l’OWSA qui regroupe les représentants des acteurs de terrain des différents secteurs concernés par la lutte contre le sans-abrisme, dont des Fédérations, des experts scientifiques et des représentants de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Par ailleurs, la collaboration est d’ores et déjà en cours avec les Cabinets de mes collègues, les ministres Neven et Desquennes, et ce afin d’assurer l’efficacité des réponses et des mesures envisagées.

    En ce qui concerne les hébergements d’urgence, l’appel à projets initié en 2024 à l’attention des abris de nuit consacre un montant de 3 011 792,14 euros permettant aux opérateurs de mieux exercer leurs missions eu égard aux publics fragilisés qu’ils hébergent et aux difficultés souvent complexes rencontrées par ce public. L’arrêté de subvention a été notifié aux opérateurs en date du 12 juillet 2024 et la période de subvention a été prolongée jusqu’au 30 juin 2025 à la demande de ceux-ci. Je ne peux que soutenir cette mission d’accueil et d’hébergement inconditionnel d’urgence indispensable pour nos concitoyens en situation d’extrême précarité.

    Enfin, nous travaillons actuellement à l’élaboration de stratégies relatives à la lutte contre la pauvreté et à la sortie du sans-abrisme en Wallonie. Relativement à cette dernière, l’OWSA nous a transmis ses propositions pour aller vers une stratégie coordonnée. Les orientations stratégiques ont été discutées et la réflexion quant aux mesures opérationnelles prioritaires est en cours.

    L’objectif principal de la stratégie relative à la fin du sans-abrisme est de sortir d’une logique de réponse à l’urgence pour adopter une approche globale, structurelle et préventive.

    Je rencontrerai prochainement les Fédérations du secteur pour concertation.