à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme
Quotidiennement, on nous fournit des informations sur la qualité de l'air dans notre pays.
La pollution n'épargne plus nos villes de plus en plus confrontées à de fortes concentrations en N02 et en particules fines. Celles-ci sont bien souvent plus élevées que les limites européennes en vigueur. Bruxelles fait partie des villes européennes qui dépassent ces limites.
Monsieur le Ministre a-t-il en sa possession des chiffres pour les villes de Tournai-Ath-Mouscron ?
Réponse du 16/04/2008
de LUTGEN Benoît
Cette question appelle à une meilleure communication aux communes de ce qui se fait en Région wallonne, et notamment la surveillance de la qualité de l’air ambiant via la mise en place du réseau de mesure depuis les années 1970, constamment actualisé, et aussi la surveillance indirecte via les inventaires d’émissions depuis les années 1990.
Les rapports annuels des résultats des réseaux de mesure sont mis à disposition du public, et donc des communes. On peut se les procurer a posteriori par simple demande à la DGRNE. Les résultats en temps réel sont publiés sur le site http://air.wallonie.be. Si elle le souhaite, chaque commune peut ainsi se rendre compte au jour le jour de la qualité de l’air en temps réel.
Les villes wallonnes n’ont pas la même configuration que la ville de Bruxelles, loin de là. Les pressions sur le milieu sont différentes. En Région wallonne, pour le NO2, les valeurs limites définies dans les directives européennes ne sont pas dépassées. Pour les particules, en particulier les PM10, pour l’ensemble du territoire wallon, les valeurs limites sont également respectées, à l’exception des zones autour des industries lourdes de Charleroi et Liège. Pour ces dernières, un plan de réduction local est programmé, conformément aux dispositions des directives. Les villes de Tournai-Ath-Mouscron respectent les valeurs limites en vigueur.
Le rapport ci-dessous explicite le fonctionnement du réseau de mesure dans son ensemble, et en particulier la surveillance de la zone de Tournai-Ath-Mouscron, pour tous les polluants mesurés.
Réseau télémétrique
A l’origine, le réseau télémétrique a été conçu comme étant un réseau d’alarme susceptible de fournir des informations en temps réel sur la qualité de l’air ambiant dans le but de protéger la santé de la population.
Le réseau télémétrique est équipé de moniteurs qui mesurent en temps réel, toutes les ½ heures, les concentrations en ozone (O3), dioxyde de soufre (SO2), oxydes d’azote (NOx), monoxyde de carbone (CO), méthane (CH4), hydrocarbures volatils totaux (CnH m), particules en suspension PM10 , sulfure d’hydrogène (H2S). Ce réseau sera complété par la mesure des PM2.5, dès juillet 2008.
Implantation du réseau
Le choix des implantations des stations du réseau télémétrique a été opéré en fonction de deux critères généraux :
1. L’importance du risque d’exposition pour la population.
Les résultats obtenus depuis 1968 par le réseau « soufre-fumées » montraient clairement que les zones à forte densité de population étaient les plus exposées. Aux polluants d’origine domestique et à ceux émis par le trafic s’ajoutaient ceux d’origine industrielle. Il n’est en effet pas rare en Région wallonne de voir des zones industrielles imbriquées dans des zones d’habitat. La densité des stations est donc la plus élevée à Charleroi et Liège, qui sont tout à la fois les deux plus grandes villes et les bassins industriels les plus importants de la Région.
2. Une couverture la plus large du territoire en se basant sur un maillage régulier.
Des stations ont été installées dans des zones rurales éloignées de toute source ponctuelle importante. Ces stations assurent la surveillance de la pollution de fond et permettent de suivre le transport à longues distances des polluants.
Réseaux non télémétriques
Les réseaux non-télémétriques prélèvent des échantillons journaliers, hebdomadaires ou mensuels qui sont amenés dans les laboratoires pour analyses. Il s’agit des métaux lourds, des poussières sédimentables, du réseau soufre-fumées, du réseau pluies acides, du réseau fluor, du réseau organique (COV) et, depuis 2005, des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP).
Réseau poussières sédimentables
Le réseau wallon de mesure des poussières sédimentables est logiquement le plus dense dans les zones à forte concentration de population et dans les zones industrielles. Il couvre essentiellement le sillon Sambre-et-Meuse. Les poussières sédimentables constituent avant tout une nuisance à l’échelle locale. En règle générale, les jauges sont placées par groupe, afin de mieux cerner les sources qui, le plus souvent, ne sont pas ponctuelles (carrière, complexe sidérurgique, ...). En 2000, le réseau wallon compte 132 jauges réparties en 31 groupes, plus une jauge de référence pour la pollution de fond. La région de Tournai fait partie de ces groupes et compte 24 jauges. __________________________________________________________________ Région Groupes Nombre de Type stations d'environnement __________________________________________________________________ Basècles 2 Chimie, incinérateur
Afin de répondre aux exigences des directives européennes, le réseau organique, aussi appelé réseau COV, a été développé. Ce réseau permet la mesure des teneurs de 28 composés organiques volatils contenus dans l’air. L’installation des premières stations date du dernier trimestre de 2001 et onze stations fonctionnent depuis 2002. Une station a été installée en 2007 à Mouscron.
Réseau métaux lourds
En janvier 1973, le réseau métaux lourds a été conçu en vue de mesurer le plomb contenu dans l'air. Ce plomb provient principalement en ville du tétraéthyle de plomb ajouté à l'essence. Logiquement, les premières stations furent implantées dans des centres urbains. L'analyse s'est élargie à une vingtaine de métaux et des stations ont été installées dans des lieux soumis à l'influence d'une pollution d'origine industrielle (sidérurgie, industrie des métaux non-ferreux, …).
Les stations métaux lourds sont généralement implantées aux endroits où les risques d'exposition de la population sont les plus élevés. Ces stations sont donc logiquement situées aussi bien dans des centres urbains qu'au voisinage de sources industrielles, comme c’est le cas à Ath.
Réseau pluies acides
L’acidification est un problème environnemental majeur. Le réseau de mesure de la composition des retombées humides, appelé "réseau pluies acides", est opérationnel depuis le début de l'année 1984. Il a été créé dans le but de permettre des études relatives à la physico-chimie des polluants atmosphériques et d'évaluer la qualité des dépôts humides sur le territoire belge.
Cas particulier de la zone de Mouscron-Tournai-Ath
Une nouvelle station télémétrique est en passe d’être installée près de Tournai. Préalablement à toute nouvelle implantation, une campagne de mesures a été menée dans la région en 2004 et 2005 à l’aide de stations mobiles. Ce réseau mobile regroupe un ensemble d’analyseurs, de type télémétrique et non-télémétrique, mesurant aussi bien des polluants gazeux que des poussières ou des composés organiques. Le réseau mobile permet en effet d’étudier des sites, simultanément en amont et en aval des sources polluantes pour une durée limitée.
Les résultats montrent que la qualité de l’air à Tournai est fort semblable à celle de la ville de Mons. Cette campagne de mesures n’a pas mis en évidence de problème de pollution particulier dans la zone.
Une autre campagne mobile a été réalisée autour du zoning industriel de Mouscron en 2005 et 2006. Aucun problème particulier n’a été mis en évidence.
Les rapports de ces campagnes de mesures sont mis à disposition du public sur le site .
Les directives européennes relatives à la qualité de l’air ambiant, transposées dans les arrêtés du Gouvernement wallon des 5 décembre 2002 et 16 mai 2007, stipulent que les résultats provenant de la modélisation et/ou de mesures indicatives peuvent être pris en compte pour l'évaluation de la qualité de l'air.
Les renseignements fournis par les stations de mesure fixes sont également complétés par des informations provenant d'autres sources, notamment des inventaires des émissions.
Dans l’attente de la mise en place de la station télémétrique en Hainaut occidental, la qualité de l’air est estimée au quotidien, par interpolation des mesures aux stations, au même titre que toutes les autres communes wallonnes. Ces données sont mises à disposition du public en temps réel sur le site.
Par ailleurs, pour assurer une surveillance efficace de la qualité de l’air, les directives européennes imposent un nombre de stations à implanter par Etat membre en fonction de la densité de population. La Région wallonne a tout mis en œuvre pour respecter ces exigences.
Les stations des réseaux non télémétriques, chacune dans leur spécificité, sont implantées de façon à couvrir l’ensemble des particularités de la zone Mouscron-Tournai-Ath.
On peut donc estimer que l’ensemble de ces mesures permet de bien caractériser la qualité de l’air ambiant dans la zone de Mouscron-Tournai-Ath, et ce depuis de nombreuses années.