Les risques liés à la présence de piles au lithium dans les centres de tri
- Session : 2021-2022
- Année : 2022
- N° : 384 (2021-2022) 1
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Question écrite du 07/03/2022
- de DODRIMONT Philippe
- à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
La présence de déchets électroniques, incluant les piles au lithium, au cœur de matières recyclables facilement inflammables comme du papier et du plastique, pose un risque évident.
L'élimination du risque à la source est la solution la plus simple et efficace, car il est impossible que les centres de tri puissent retirer la totalité des matières dangereuses, en raison de la rapidité et de la complexité des procédés opérationnels.
La prévention et les recommandations adressées à la population et aux fabricants de produits contenant des piles au lithium ne sont pas suffisantes.
Que fait Madame la Ministre pour faire face à ce danger ?
Que répond-elle aux centres de tri en demande de sécuriser leurs infrastructures ?
Réponse du 12/04/2022
- de TELLIER Céline
Par ailleurs, les piles lithium-ion font l’objet d’une attention soutenue depuis quelques années, notamment parce que leur présence dans certains flux de déchets peut être cause d’incendie (smartphones qui prennent feu p.ex.). Quand elles ne sont pas triées et collectées sélectivement, on retrouve des batteries Li-ion principalement dans les déchets de ferraille issus des déchets d’équipements électriques et électroniques. Les piles peuvent également poser problèmes dans le flux des déchets de papier où elles peuvent être présentes par défaut de tri ou à cause de leur présence dans des cartes d’anniversaire musicales par exemple.
Afin de diminuer les risques d’incendie dans les centres de tri, le secteur du recyclage (représenté par la Fédération Denuo), les intercommunales wallonnes de gestion des déchets (COPIDEC) et les deux organismes de gestion Fost Plus et Bebat étudient conjointement une série de mesures, qui interviennent dans les différentes étapes de la chaîne : (i) le tri en amont par les citoyens, (ii) la collecte et (iii) le tri et le traitement par les recycleurs.
Des premières analyses, il ressort qu’il faut renforcer davantage la sensibilisation des consommateurs à la qualité du tri des déchets, afin que la collecte soit encore plus sélective et sécuritaire. De plus, dans un secteur en constante évolution, toutes les entreprises concernées doivent s’adapter aux nouvelles réalités (caractère dangereux de certains déchets notamment) en mettant en place de nouveaux processus et des mesures de sécurité aux différents stades de la chaîne.
La sensibilisation reste un levier important pour améliorer le comportement de tri des citoyens. C’est pourquoi, en 2021, l’ASBL Bebat a lancé une série de campagnes de sensibilisation sur le sujet, qui vont toutes être poursuivies en 2022. À titre d’exemple, l’organisme a développé une campagne de communication spécifique sur les piles et batteries encore présentes dans les autres fractions de déchets. Cette dernière vise à sensibiliser les consommateurs sur le fait que les piles et batteries usagées ne peuvent que se retrouver dans les circuits de collecte de Bebat et non dans les autres filières de collectes sélectives. À ce jour, cette annonce a été diffusée 2.108.167 fois sur Facebook et sur Instagram. Bebat continuera cette campagne de sensibilisation au cours de l’année 2022. Elle poursuit aussi la diffusion en continu de messages contenant des conseils de sécurité via ses blogs et les divers médias sociaux.
Le SPF Sécurité Incendie et le Réseau des Pompiers ont également développé une campagne de sensibilisation à laquelle Bebat a contribué. Le thème de la campagne de 2021 portait sur les départs d’incendies des smartphones et celle de 2022 portera sur les risques d’incendie des batteries des vélos et des trottinettes électriques.
En complément des actions de sensibilisation, des solutions techniques devront aussi être déployées et soutenues, afin que le secteur de la gestion des piles et batteries usagées puisse s’adapter à l’électrification du marché (e-mobility par exemple), à travers notamment le développement et l’utilisation de scanners lors de la collecte et/ou du transbordement des déchets, des systèmes de détection de piles-Li lors du tri et du traitement, et de toutes autres formes de mesures de sécurité.
Dans ce cadre, il importe que les meilleures pratiques de sécurité soient largement partagées dans toute l’Europe. À ce sujet, une étude a été récemment menée par les fédérations européennes des recycleurs et des organismes de collecte des déchets électriques et électroniques et des piles et batteries usagées (WEEE FORUM, EURIC, EERA, EUCOBAT, Municipal Waste Europe, WEELABEX). Cette étude a abouti à la réalisation d’un guide de bonnes pratiques très intéressant et fort inspirant, intitulé « Recommendations Tackling Fires caused by lithium », pour réduire les risques d’incendie causés par les batteries/piles au lithium dans la filière du tri et du recyclage.
En outre, à la demande de la Fédération Denuo et de l’organisme Bebat, des initiatives ont aussi été prises en matière de recherche et développement afin d’innover dans le domaine de la réduction des risques lors du démantèlement des batteries, et ce, dès leur collecte. Ces efforts s’inscrivent dans la nécessité de faire évoluer la manière de traiter prudemment les nouveaux types de batteries lithium-ion. Ces diverses initiatives soulignent l’importance pour tous les secteurs de travailler ensemble pour sensibiliser les consommateurs et diffuser les meilleures pratiques au niveau européen.