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La consommation d'antidépresseurs dans les maisons de repos

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 16 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 13/09/2023
    • de BELLOT François
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Une récente étude de Solidaris permet de constater une diminution de la consommation de médicaments par les pensionnaires en maison de repos.

    Il paraît cependant intéressant de mettre en exergue que la consommation qui ne baisse pas dans ces établissements est celle des antidépresseurs puisque 38 % des pensionnaires en prennent en maison de repos alors qu'ils ne sont que 35 % à en consommer chez eux.

    En outre, une étude indique que 11 % des personnes en maison de repos prennent des antipsychotiques contre 10 % à domicile.

    Plus encore, un consommateur sur quatre commence à en prendre en arrivant en institution.

    Le docteur Moreau reprend que : « La transition peut parfois être brutale, mais si de plus en plus de choses sont mises en place pour que la résidence devienne une maison de vie avant tout, cela reste compliqué pour un certain nombre de pensionnaires ».

    Quelle action centrée sur le plan médical et s'inscrivant dans des approches non pharmacologiques, tel que le contact avec le médecin distinct d'une médication, Madame la Ministre active-t-elle pour agir sur la santé mentale des pensionnaires entrant en maison repos et leur éviter ainsi le réflexe aux antidépresseurs ?

    Comment analyse-t-elle cette hausse et ce recours aux antidépresseurs pour et par les pensionnaires de maisons de repos ?

    Juge-t-elle sa prise en considération suffisante afin de garantir un confort de vie aux pensionnaires et leur éviter cette réalité de consommation révélatrice de leur mal-être ?
  • Réponse du 21/09/2023
    • de MORREALE Christie
    Comme l’indique l’étude de la mutualité Solidaris, un nombre important de personnes vivant en maisons de repos et de repos et de soins consomment des antidépresseurs et des antipsychotiques. Plus largement, la polymédication des personnes âgées en institution est une problématique connue et importante à prendre en considération.

    Le Dr Guy Delrée, président de la Fédération des associations de médecins généralistes de la Région wallonne (FAMGW) et médecin coordinateur en maison de repos dans un interview donné à Medi-Sphère a relevé des biais au niveau de cette étude.

    Il convient dès lors de prendre quelques précautions. En effet, il s’agit d’une étude se focalisant sur le passage du domicile à l’entrée en maison de repos (et de soins). Or nous savons que l’institutionnalisation d’un aîné en perte d’autonomie et ne pouvant plus vivre à domicile est rarement le choix du résident, ce qui pourrait indirectement induire des troubles anxio-dépressifs.

    Certaines personnes peuvent souffrir de dépression à la suite de la mort de leur compagnon ou de leur compagne, par exemple, précipitant l’entrée dans une structure d’hébergement collectif. Ces éléments sont dès lors à prendre en compte et pourraient expliquer la tendance à la hausse de la consommation d’antidépresseur après l’entrée en institution.

    Une étude réalisée par l’AViQ en 2023 et concernant les troubles psychiques en MR.S apporte un éclairage complémentaire. Ces résultats s’appuient sur trois études, dont deux analyses quantitatives et une analyse qualitative.

    Les études ont été réalisées à partir d’une extraction de données du résumé psychiatrique minimum, d’une part et des résultats d’une enquête à laquelle 135 maisons de repos (MR-S) ont répondu, d’autre part. Les résultats quantitatifs les plus interpellants révèlent que 6,6 % des 50 ans et plus ayant séjournés en hôpital psychiatrique se rendent en maisons de repos ; parmi eux, 25 % vivaient chez eux isolés avant leur séjour psychiatrique et 67 % sont âgés entre 60 et 79 ans.

    Nous constatons que 40 % des personnes qui entrent en MR-S après un séjour hospitalier dans un service psychiatrique ont reçu un diagnostic de psychose et que 45 % présentent des symptômes dépressifs. L’accompagnement de ce public cible constitue donc un enjeu de santé publique en Wallonie.

    Les résultats des études soulignent également un manque de formation à la psychologie du vieillissement.

    Pour répondre à ce besoin de formation et de suivi des pratiques en maisons de repos et de soins, un projet du Fonds Social européen visant à renforcer les compétences psychosociales des professionnels est en cours de réalisation.

    Il s’agit de mettre en place des modules d’e-learning sur la psychologie et la psychopathologie du vieillissement et de lancer sept projets-pilotes avec des psychologues-coordinateurs chargés de faire le lien entre le réseau de la 1re ligne et le médecin coordinateur tout en soutenant les équipes au quotidien.

    La formation de base et continuée des médecins coordinateurs et conseillers aborde également cette notion d’usage rationnel des médicaments.