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La consommation d'alcool et de boissons énergisantes lors des festivals

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 1281 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 18/07/2016
    • de GONZALEZ MOYANO Virginie
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    La consommation d'alcool par les festivaliers reste aujourd'hui un problème majeur.

    Une récente étude de Solidaris en témoigne. Les jeunes boivent davantage, lorsqu'ils participent à différents festivals estivaux. Cependant, il semblerait que cette problématique soit accentuée par un autre facteur qui est celui de la consommation de boissons énergisantes avec l'alcool.

    D'une part, mélanger l'alcool avec ce genre de boissons ne donne pas l'impression au jeune de consommer de l'alcool ; d'autre part, ces boissons à trop forte dose peuvent s'avérer néfastes pour la santé. D'autant que ces boissons sont également dangereuses, dans la mesure où elles assoiffent !

    Les jeunes rapidement assoiffés consommeront donc davantage d'alcool et/ou de boissons énergisantes.

    Aussi, au vu de ce constat, que préconise Monsieur le Ministre pour diminuer drastiquement, ou tout du moins, pour limiter la consommation d'alcool et de boissons énergisantes, dans les festivals, cet été ?

    Quelle politique de prévention envisage-t-il mener pour la santé de nos jeunes festivaliers ?
  • Réponse du 01/08/2016
    • de PREVOT Maxime

    La consommation de boissons énergisantes augmente effectivement les risques liés à la consommation d’alcool. En 2009, le Conseil supérieur de la Santé a d’ailleurs émis des recommandations à ce sujet dans son avis 8622 sur les boissons énergisantes.

    « Le Conseil s’inquiète de tendances observées chez les consommateurs de boissons énergisantes à les associer à des boissons alcoolisées, ce qui résulte en une plus grande consommation de ces dernières. De plus, elles ont pour effet de réduire les signes de l’intoxication alcoolique et la prise de conscience de cet état, ce qui se traduit par une accentuation des conséquences néfastes des états d’imprégnation alcoolique se manifestant notamment par des modifications de comportement, par exemple des attitudes modifiées dans les contacts sexuels (plus de harcèlement), le fait d’accepter plus facilement d’être passager d’un conducteur en état d’ivresse, des atteintes ou lésions physiques plus nombreuses ou le besoin plus fréquent de recourir à un médecin. Le Conseil Supérieur de la Santé réaffirme ses réserves à leur égard et recommande notamment de :

    - ne pas les consommer de manière régulière ou excessive, tout en veillant à s’en tenir à un apport journalier total en caféine inférieur à 400 mg, voire même à 300 mg ;
    - ne pas les consommer lors de la prise de boissons alcoolisées ou lors de la pratique d’une activité physique intense ;
    - déconseiller leur consommation aux femmes enceintes et allaitantes, aux enfants (jusqu’à 16 ans) et aux sujets sensibles à la caféine ».

    Le Conseil souhaite également que ces recommandations soient diffusées auprès des consommateurs, notamment via l’étiquetage des boissons énergisantes (qui, notons-le, relève des compétences fédérales).

    Si l’enquête de Solidaris « Alcool, Sexe, drogues & Festivals » que vous mentionnez, met en lumière les risques liés aux festivals, elle révèle aussi la conscience du risque et l’attente de plus de prévention de la part des festivaliers eux-mêmes. En effet, d’après cette enquête, la grande majorité des festivaliers est attentive aux risques et aux moyens de protection (consommation d’eau régulière, crème solaire, préservatifs…) même si trop peu de festivaliers protègent leur ouïe par des bouchons d’oreille et même si 10 % des rapports avec un partenaire non régulier ne sont pas protégés.

    La Wallonie met en place depuis plusieurs années des mesures pour contribuer à limiter ces risques pendant les festivals (risques liés à la chaleur, aux rapports sexuels non protégés ainsi qu’à la consommation d’alcool et d’autres drogues). Ces mesures sont réalisées par différents centres de promotion de la santé, subsidiés par la Région wallonne, notamment par l’ASBL Modus Vivendi. Cette ASBL a également pour objectif d’augmenter la cohérence des pratiques de réduction des risques, en favorisant la création de liens entre les institutions et l’échange de pratiques entre les professionnels.

    L’ASBL Modus Vivendi a notamment développé un projet pour réduire les risques lors des festivals. Il s’agit du label ‘Quality Nights’ développé en Région wallonne depuis 2009 et implanté petit à petit dans toute la Wallonie.
    Concrètement, lorsqu’un organisateur d’évènements ou un patron d’un lieu festif demande de bénéficier de ce label, une négociation se met en place dont l’objectif est d’obtenir un accord sur la mise à disposition de certains dispositifs (messages de prévention à propos du son et de ses dangers, offre de bouchons d’oreilles, messages et actions à propos des dangers liés à la consommation d’alcool et d’autres drogues, mais également distribution de préservatifs, mise à disposition d’une fontaine d’eau contre la déshydratation, etc.). En 2015, plus de 60 lieux ont été labélisés en Belgique dont une vingtaine en Wallonie.

    Concernant les dangers liés à la déshydratation, un plan « Forte chaleur et pics d’ozone » est mis en place chaque année depuis 2006 par la Wallonie. Une brochure claire et synthétique a notamment été rédigée à destination des organisateurs d’évènements festifs pour recommander un renforcement des équipes de secours, l’approvisionnement en boissons fraîches, l’étude et le suivi des conditions d’ensoleillement, la mise en place d’espaces suffisamment ventilés et rafraîchis ainsi que le report ou même l’annulation de la manifestation selon les seuils d’alerte. Cette brochure intitulée « Recommandations aux organisateurs d'événements sportifs ou culturels » peut être consultée et téléchargée à l’adresse suivante : http://socialsante.wallonie.be/?q=plan-wallon-forte-chaleur-pics-ozone/recommandations.

    Je continuerai à soutenir ces mesures de réduction des risques, particulièrement auprès des jeunes. En outre, je reste actif, via mon cabinet, dans la Cellule générale de politique en matière de drogues pour élaborer des actions concertées avec le Gouvernement fédéral pour ce qui ne relève pas de mes compétences. Je chercherai notamment à promouvoir un étiquetage adéquat des boissons alcoolisées et des boissons énergisantes (comme le recommande le Conseil supérieur de la santé). Je soutiens également la limitation de la vente d’alcool aux moins de 18 ans ainsi que l’interdiction complète de la publicité et de la promotion des boissons alcoolisées.